La diversification des ressources médiatiques offre de multiples possibilités en termes d’apprentissages : recherches, productions numériques (webzine, webradio, blog…) photographie, bande dessinée mais aussi jeux (de société ou serious game). Le numérique est au cœur de la quasi-totalité des articles de ce numéro, reflet de la place prépondérante des supports numériques dans la diffusion de l’information. L’école ne cesse d’interroger son rapport aux médias, car leur permanente évolution oblige à repenser l’usage qui pourrait en être fait en classe. Ces médias sont ici envisagés comme outils pédagogiques pour développer des compétences d’expression orale et écrite, mais aussi comme objets d’apprentissage en soi, pour mieux en appréhender les codes et les utiliser de manière pertinente.
Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.
Sommaire
Éditorial
Qu’est-ce qu’un média ? Emprunté initialement à l’anglais mass media,
le terme est défini par Le Petit Robert comme renvoyant à un « moyen de
diffusion, de distribution ou de transmission de signaux porteurs de
messages sonores, écrits, visuels… » Tout support communicationnel
pourrait alors être considéré comme un média, textes littéraires ou scolaires
compris. Pour autant, le lien étymologique avec les médias de masse tend à
associer la notion de média aux moyens de communication utilisés pour
toucher le plus grand nombre hors de l’école.
Ce n’est pas la première fois que Recherches évoque la place de tels
médias dans l’enseignement du français : L’Ordinateur en français (n° 44),
Le Cinéma en classe de français (n° 51), L’Extrascolaire à l’école (n° 57),
Usages du numérique (n° 69) abordent tous cette question. Mais l’originalité
de ce numéro tient à la diversité des dispositifs considérés ici comme des
médias et rapprochés dans une même publication : jeux, recherche
documentaire, production d’articles numériques, productions radiophoniques,
photographie, bande dessinée… Un média est cependant absent : la
presse écrite sur support papier. De fait, le numérique joue un rôle important
dans la quasi-totalité des articles rassemblés dans ce numéro. Ce poids est lié
à la place prépondérante que prennent désormais les supports numériques
dans la diffusion de l’information. Si l’école a besoin d’interroger son
rapport aux médias, c’est aussi parce que ceux-ci ne cessent d’évoluer et
l’obligent à repenser l’usage qui pourrait en être fait en classe.
Ces médias, apparus plus ou moins récemment, peuvent être envisagés
comme des outils pédagogiques : c’est le cas, par exemple, de concepts
d’abord empruntés par la narratologie à l’analyse cinématographique et, par
la suite, largement repris par le discours scolaire. La bande dessinée peut
constituer un média efficace pour en permettre un enseignement. Le
caractère transmédial de connaissances et compétences disciplinaires liées au
français autorise donc les enseignants à investir des médias qui ne sont pas
traditionnellement associés à la discipline pour développer des
connaissances disciplinaires classiques. Plusieurs articles montrent ainsi
l’intérêt des médias numériques pour développer des compétences
d’expression orale et écrite : écrire une fiction radiophonique, participer à un
webzine, faire le portrait de membres de la communauté éducative. Cela
permet, par ailleurs, de donner sens à la production de textes et de discours
conformes aux attentes scolaires. Sur un autre plan, le jeu, qu’il s’agisse d’un
jeu vidéo ou d’un jeu de société, peut constituer un média intéressant pour
construire des dispositifs d’entrainement. Les élèves peuvent y mettre en
oeuvre, de manière plus ou moins autonome, des compétences liées au cours.
Pour autant, l’usage d’un média, même identifié comme faisant partie des
pratiques extrascolaires des élèves, n’est pas la garantie d’un engagement de
ces mêmes élèves. La scolarisation de genres extérieurs à l’école se fait aux
risques et périls de l’enseignant‧e face à des élèves qui peuvent refuser cette
scolarisation, soit parce qu’ils ne s’identifient pas au dit média, soit parce
qu’ils considèrent que sa place n’est pas à l’école.