N° 74 – APPRENDRE LA LANGUE

L’apprentissage de la langue est perçu comme difficile par ses acteurs, enseignants et élèves.  De nombreuses questions se posent, que ravivent les dernières instructions pour le lycée. De quelle langue parle-t-on ? De la langue normée, celle des programmes d’enseignement de la maternelle au lycée ? Ou de celle, sans cesse renouvelée, qui varie selon de multiples usages ? Et comment l’enseigne-t-on ? La question renvoie notamment à celle du métalangage ; le numéro fait le point sur cette croyance selon laquelle c’est en maitrisant le métalangage savant que les élèves sauront (mieux) écrire. Finalement, au rebours de prescriptions qui dissocient langue et sens, c’est la nécessité de les travailler conjointement qui est ici affirmée.

Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.

Sommaire

À quoi et à qui servent les rectifications orthographiques de 1990 ?
André Chervel

La grammaire au bac de français : ce fut comme une apparition
Catherine Mercier, Corinne Souche

Rapports entre science et instructions à l’école élémentaire. Interactions complexes entre prescriptions et didactique du français : le cas de l’étude de la langue 
Patrice Gourdet

L’écriture tâtonnée dans une classe de maternelle
Fabienne Bureau, Sabine Firringeri

Enseigner l’accord : un canevas de séquence d’enseignement de l’orthographe à l’essai
Solenn Petrucci

Sami est ravi, mais pas content
Patrice Heems

Orthographe : travailler en ateliers
Séverine Piot, Séverine Pollet

Des difficultés de la remédiation orthographique chez des élèves avancés
Hélène Le Levier

Travailler l’orthographe au lycée : du contrat d’objectifs à la dictée dialoguée écrite et menée par les élèves
Catherine Mercier

Erreurs et maladresses dans les écrits d’étudiants. Comment les traiter ? L’exemple du participe présent
Françoise Boch

Éditorial

Un regard rétrospectif sur les différents numéros que Recherches a exclusivement dédiés aux apprentissages de la langue fait apparaitre une petite histoire de son enseignement. S’y dessine aussi, en creux, une certaine conception de l’enseignement centré sur les élèves et leurs pratiques langagières pour envisager les apprentissages de la langue et de ses normes, en opposition avec une conception normative et notionnelle non interrogée.
En 1991 (époque presque lointaine), le numéro 15 (Orthographe, grammaire) questionnait la place de la langue dans un enseignement du français qui s’organisait le plus souvent de manière cloisonnée, par juxtaposition de plusieurs sous-disciplines. Six ans plus tard, le numéro 26 (Langue) faisait une place à l’enseignement du français tout fraichement déclaré décloisonné par l’institution et à l’introduction, dans les nouveaux programmes du collège rénové de l’époque, des grammaires de phrase, de texte et de discours. Une révolution, apparemment, et, comme toutes les révolutions institutionnelles, balayée… à la réforme suivante. En 2008, le numéro 48 (L’enseignement de la langue) revenait en partie sur cette tripartition et rappelait, entre autres évidences, que la grammaire n’est pas une fin en soi mais qu’elle est un outil pour lire et écrire, et pour dire le monde ; ce que le numéro 53 (Lexique, vocabulaire) venait souligner, quelques années plus tard, au sujet de l’enseignement de ce vaste domaine de la langue qu’est le lexique.
Depuis un an, la réintroduction – ou plutôt la réaffirmation – de l’étude de la langue au lycée et toutes les questions et doutes qu’elle a soulevés nous a conduits à consacrer un nouveau numéro à cette discipline si particulière de la matière français.[…]