Fiction et réel : ces mots sonnent comme les termes d’un débat qui se rejoue quotidiennement dans les classes. Ça s’est vraiment passé ? C’est vrai, puisqu’on le voit sur l’image ! On a le droit d’inventer ? Autant de questions qui disent la perception de frontières entre fiction et réel, de leur traçage délicat comme de leur porosité. Elles traduisent aussi la conscience d’une réalité transformée par le genre (narratif ou théâtral, poétique, pictural…).
De quel enseignement ces questions peuvent-elles faire l’objet ? Le numéro propose une réflexion sur l’approche des frontières entre fiction et réel, non pour tenter de les fixer, mais pour aider les élèves à les questionner, au moyen de démarches de lecture et d’écriture qui les amènent à en jouer.
Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.
Sommaire
Immersion fictionnelle, médias et croyances
Françoise Lavocat
Si c’est dans le tableau, c’est surement vrai
Patrice Heems
Enseignement de la fiction et connaissance
Bruno Védrines
Interviewer le personnage de L’Orangeraie de Larry Tremblay : un jeu aux frontières du réel
Catherine Mercier
La fiction, le réel et leurs frontières : pour une didactique de l’écriture de fiction
François Le Goff
Passe-moi le sel…
Corinne Souche
Le journal de personnage pour rejouer le jeu de la fiction
Véronique Larrivé
Du fait divers à la nouvelle : écrire pour mieux comprendre la part de la vérité dans la fiction
Stéphanie Michieletto-Vanlancker
Mesurer la porosité entre la réalité et la fiction à l’aune de la pièce de théâtre Terreur de Ferdinand Von Schirach
Sébastien Debeire
Le rapport réel/fiction dans la littérature de jeunesse contemporaine autour de la Grande Guerre
Lydie Laroque
« Les Malheurs de Sophie » ou les petites fictions modèles. Une lecture de Clarice Lispector
Bertrand Daunay
Des élèves aux prises avec les notions de fiction et de réalité. Une situation de lecture-écriture en classe de 2nde
Isabelle Delcambre
La continuité pédagogique : une fiction qui masque le réel
La rédaction de Recherches
Ce qu’en dit Le Café pédagogique
Éditorial
Fiction et réel : ces mots sont de ceux qui sonnent comme les termes d’un débat, celui de la possibilité de leurs limites, qu’il n’est pas rare aujourd’hui de poser comme poreuses. Si tant est que ce n’ait pas toujours été le cas, à voir les multiples réalisations ou descriptions possibles de leurs transgressions, dans des discours littéraires, scientifiques, médiatiques, sociaux…
Et nous savons bien aussi que ce débat millénaire se rejoue quotidiennement dans les classes : Ça s’est vraiment passé ? Ou Tout ça, c’est des histoires ! Ou bien C’est vrai, puisqu’on le voit sur l’image ! Ou encore On a le droit d’inventer ? En matière d’apprentissage, ces questions sont plutôt de bons signaux : elles disent la perception d’une frontière entre fiction et réel comme de son traçage délicat, mais aussi la conscience d’une réalité transformée par le genre (narratif ou théâtral, poétique, pictural…) ; elles signalent encore une posture d’élève qui a saisi que le je scolaire n’est pas forcément le je personnel – phénomène qui relève précisément de ce que certains didacticiens appellent fictionnalisation.
Mais ces questions font-elles l’objet d’un enseignement ?
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