N° 65 – GENRES SCOLAIRES

Si le genre est au cœur de l’enseignement du français, ce n’est pas seulement à travers ces objets d’étude que sont les genres littéraires.  À l’école, le travail sur les textes est encadré par des modèles qui en régissent la réception et la production. Selon une approche plurielle  (didactique du français, analyse du discours et histoire des disciplines), le numéro traite de genres scolaires qui s’enseignent (la dissertation), mais aussi d’outils (les manuels, les questionnaires sur un texte) et d’activités (la récitation) qui gagnent à être pensés comme des genres scolaires, ainsi que de l’usage scolaire, voire de la scolarisation, d’objets extrascolaires (albums pour la jeunesse). Chemin faisant, le numéro explore ainsi la construction scolaire des objets d’enseignement.

Le numéro est disponible aux Presses Universitaires du Septentrion.

Sommaire

Quelques remarques sur la notion de genre scolaire / D. Maingueneau 7


Quand la devinette devient un genre scolaire. Analyse didactique d’une séquence de lecture-écriture en CP/CE1 / N. Denizot 17


Des albums pour parler, des albums pour se taire / P. Heems 33


L’album de littérature de jeunesse : genre, forme et/ou médium scolaire ? / A. Leclaire-Halté, L. Maisonneuve 49


L’évolution des genres scolaires en français : le cas de la dissertation à Genève (1970-2004) / A. Monnier 65


Débattre, faire débattre et apprendre à débattre. Étude des déclarations d’enseignants de cycle 3 sur des genres disciplinaires du débat / A. Destailleur 87


Le questionnaire en question / M. Habi 109


Des élèves concepteurs de pages de manuel / C. Mercier 129


La récitation / S. Piot 147


Genres scolaires et genres scolarisés en écriture et pratiques sociales de référence. Le cas de l’école primaire en Suisse romande (1830-2010) / B. Schneuwly, S. Aeby Daghé 163

Des nouvelles du livre pour la jeunesse : albums en tous genres / É. Vlieghe 177

Éditorial

Il peut paraitre déroutant pour nos lecteurs que ce numéro de Recherches soit consacré aux « genres scolaires », tant cette notion, encore instable sur un plan théorique, peut sembler peu pertinente pour l’enseignant de français, pour qui elle n’est pas objet d’enseignement ni d’apprentissage. Le sujet n’est d’ailleurs pas très familier à la revue, dont le dernier numéro sur la question des genres1 remonte à 1990. Mais le genre, c’était alors le genre littéraire, et l’éditorial se faisait l’écho de la perplexité voire des désaccords au sein du comité de rédaction face à une notion « marquée du sceau de l’archaïsme voire du label réactionnaire des Belles-Lettres2 ». L’usage le plus productif au plan didactique semblait être à cette époque l’entrée dans les classes des genres paralittéraires.

Depuis les années 1990, de nombreux travaux ont conduit à déplacer cette question des genres littéraires vers les genres discursifs voire vers les genres d’activités – notamment à la suite d’une redécouverte des écrits de Bakhtine3. Cette livraison de Recherches témoigne de ce déplacement : les genres littéraires y sont quasiment absents, sinon à travers les albums de littérature de jeunesse, objets exemplaires pour interroger justement les frontières entre genre littéraire et genre scolaire. Mais la notion permet de s’intéresser à ces genres présents dans la classe de français que sont par exemple la dissertation, le questionnaire des manuels ou le débat. De fait, c’est plutôt aux genres scolaires disciplinaires que nous nous intéressons ici, […]

 Ce que le Café Pédagogique dit de ce numéro dans son Expresso du 30 janvier 2017.