Tous les articles par Stéphanie Michieletto-Vanlancker

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Automne-hiver 2017

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Harcelés Harceleurs, Docteur Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustrations de F. Mansot, Mine de rien, Giboulées, Gallimard Jeunesse, 2017.

Un des derniers titres de la collection : pour ne pas attendre que cela devienne grave, parce que cela commence par de petites moqueries et que ça dégénère, parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir : un sujet que les adultes pourront aborder avec les enfants dès le plus jeune âge.

Rois, 40 souverains du monde, Jean-Michel Billioud, illustrations de Duo, BAM !, Gallimard Jeunesse, 2017.

Cinquième opus de la collection, ce petit ouvrage ludique dresse le portrait de quarante monarques (dont six femmes…) qui ont marqué l’histoire, de l’Antiquité à la fin du vingtième siècle. Qu’ils soient conquérants, bâtisseurs d’empires, guerriers de génie ou sanguinaires, qu’ils aient régné très longtemps, tels Louis XIV, Victoria ou François Joseph 1er ou beaucoup moins, tels Babur le roi Moghol, tous ont laissé leur empreinte. Chaque double page, conçue selon la même maquette, présente une illustration caractérisant physiquement et moralement le souverain à droite, la page de gauche résumant de façon synthétique les actions principales du monarque, ainsi que quelques faits ou traits marquants, sans oublier les dates essentielles de sa vie. Simple et ludique.

Rescapés de la Shoah, Zane Wittingham et Ryan Jones, traduit de l’anglais par F. Fiore, Flammarion, 2017.

Comment évoquer l’Holocauste sans choquer les enfants ? C’est ce que tente, avec des mots très simples et des images fortes, cette bande dessinée qui narre à la première personne six destins authentiques d’enfants juifs ayant échappé à la barbarie nazie. Âgés de 8 à 11 ans, ils ont connu la peur, l’exil, les privations, le deuil. Heinz est rejeté en Allemagne, parce qu’il est juif, et en Angleterre, parce qu’il est Allemand ; lui et son frère Frank sont internés dans un camp au Canada sans avoir jamais l’occasion de combattre les nazis. Trude quitte la Tchécoslovaquie pour la Grande-Bretagne et ne reverra jamais ses parents. Ruth arrive à Liverpool le jour où la guerre est déclarée et quelques jours plus tard, elle retrouve sa famille à Londres. Martin et sa sœur ont vécu l’expulsion des juifs polonais, mais bénéficient de l’accueil des Anglais : ils survivent aux bombardements de Coventry et retrouvent leur mère. Suzanne, Française habitant dans le 20e arrondissement de Paris, est sauvée par une voisine. Le dernier témoignage, le plus dur et le plus poignant, est celui d’Arek, jeune Polonais âgé de 14 ans, déporté avec toute sa famille à Auschwitz-Birkenau ; pendant cinq ans, il ne connait que les ghettos et les camps ; des 81 membres de sa famille, il ne retrouvera que sa sœur, deux ans après la fin de la guerre.
L’essentiel est dit, avec la volonté de ne pas traumatiser, afin que les enfants d’aujourd’hui sachent ce qui s’est passé.
Ryan Jones a donc adapté avec brio la série de films d’animation, Children of the Holocaust, réalisée par Zane Whittingham pour la BBC. On trouvera en fin d’ouvrage un glossaire ainsi qu’un index des termes utilisés, une chronologie des évènements majeurs entre 1933 et 1945, des références de sites internet et surtout la photo des protagonistes adultes, accompagnée d’une notice indiquant ce que chacun est devenu.

 « Coups de cœur » ACTUALITÉ

Suivez le guide ! Balade dans le quartier, Camille Garoche et Didier Genevois, Casterman, 2017.

Troisième titre d’une nouvelle collection née en 2016, ce grand album cartonné accessible aux plus petits leur fait découvrir cette fois-ci les différents commerces d’une petite ville à la suite d’un chat siamois qui se croit supérieur à tous. À sa suite, le lecteur passe devant la librairie, la poissonnerie, la boulangerie ou le magasin de primeurs. Chaque double page fourmille de détails amusants ainsi que de fenêtres (47 au total) à ouvrir, cachant au regard de Rominagrobis le piège qui lui est tendu : il n’échappera pas plus que les autres animaux à la vaccination ! Une double narration très habile qui réjouira les jeunes lecteurs complices du sort qui attend l’animal présomptueux.

Le jour où on a arrêté de faire la guerre et Le jour où papa s’est remarié, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, Premiers Romans, Nathan, 2017.

Raïssa n’a pas supporté de voir ses camarades jouer à la guerre. Réfugiée dans le placard, elle pleure et ne peut même plus parler. Madame Okili l’encourage à dessiner ce qu’elle a vécu dans son pays en guerre et tous ses camarades se mobilisent pour que cet état de choses change.
Quant à Guillaume, il est triste car son père se remarie avec un homme et il se dit que si lui aussi est homo plus tard, il ne pourra pas être papa. Or, il a promis à son amoureuse Alima de l’épouser et d’avoir des bébés avec elle. Madame Okili réfute les idées reçues de certains élèves et la classe n’est pas en peine de trouver des solutions pour que Guillaume et Alima deviennent parents, au cas où…
Des questions essentielles qui sont toujours abordées avec justesse, finesse et sensibilité.

La belle sauvage, Philip Pullman, traduit de l’anglais par J. Esch, Gallimard Jeunesse, 2017.

Tous ceux, dont je fais partie, qui furent envoutés par l’intrigue et les personnages des Royaumes du Nord  (trilogie présentée dans le numéro 47 de Recherches, 2e semestre 2007) se délecteront de cette nouvelle Trilogie de la poussière dont voici le premier tome. Malcolm Posthead, un jeune garçon âgé de 11 ans, épaule ses parents, propriétaires de « La truite », auberge située au bord de la Tamise, en amont du centre d’Oxford. Attentif et curieux, c’est un adolescent intelligent qui écoute et apprend vite. Serviable à l’extrême, il aide souvent les sœurs du prieuré voisin et tombe littéralement sous le charme du bébé qu’elles ont recueilli, une certaine Lyra, qui le fascine autant que son daemon, Pantalaimon, avec lequel elle babille… Dès lors, tels les chevaliers du Moyen Âge, Malcolm sait qu’il se mettra au service de la petite fille cachée, quelles qu’en soient les conséquences. C’est le début d’une aventure qui fera de lui un « espion » au service du professeur Hannah Relf, laquelle œuvre pour une organisation mystérieuse baptisée « Oakley Street ». Située dix ans avant celle de la trilogie précédente, l’action de ce tome permet de retrouver des personnages connus, tels les parents de Lyra, Lord Asriel et Me Coulter, mais en introduit de nouveaux tels l’infâme Gérard Bonneville et son daemon hyène ou Alice, une jeune employée de l’auberge. Si l’intrigue démarre lentement, elle s’accélère au fur et à mesure que Lyra devient un objet de convoitise. L’auteur crée de nouveau un univers à la fois proche et merveilleux, au sein duquel des forces antagonistes s’affrontent autour d’une mystérieuse Poussière. Seul le savoir éclairé semble en mesure de vaincre l’obscurantisme et le totalitarisme religieux dont les partisans se montrent puissants et redoutables.
Philip Pullman ne fait pas dans la facilité, tant le propos est profond et incite à la réflexion quasi philosophique.

Rock War 3, « Hors de contrôle », Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.

Dans cet opus annoncé comme l’avant-dernier de la série, nous retrouvons les groupes de musique sélectionnés dans les tomes précédents (le tome 1 a été présenté sur le site les « Actualités Printemps-Été 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 » . L’émission « Rock War » fait un tabac en Grande-Bretagne : ses candidats sont devenus des stars poursuivies par les fans et les photographes. La compétition se fait de plus en plus cruelle et tous les coups sont permis. Summer se remet lentement du grave accident dont elle a été victime à la fin du tome précédent et Jay se languit face à son absence. Théo, son grand frère, se montre toujours aussi violent et provocant, mettant ainsi en péril l’avenir du groupe ; Dylan se laisse entrainer sur la pente de la drogue. Et ce n’est pas ce qu’il découvre des magouilles de son père et de son oncle qui vont l’en éloigner.
Nul doute que le dernier tome nous réserve encore bien d’autres péripéties ! La satire des milieux de la téléréalité et du showbiz (cf. réseau présenté dans le numéro 52 de Recherches) est toujours aussi féroce.

Les porteurs, #2 – Gaëlle, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.

Lou Karpatova, le fils de Mariza, naturaliste, est mort : Gaëlle se sent responsable. Elle s’investit corps et âme dans les deux missions qu’elle s’est fixées : soutenir Flo qui refuse le choix manichéen que lui impose la société et surtout aider son amoureux Matt, identifié comme porteur, finalement devenu femme grâce à Lou. Prête à tout pour qu’il redevienne un homme, elle se rapproche donc des naturalistes afin qu’ils lui procurent un traitement alternatif pour Matt. Mais les autorités veillent, les « militants » sont traqués et Gaëlle se met en danger ainsi que ses proches. De nouveaux personnages apparaissent ou sont approfondis, les manipulations des dirigeants se dévoilent de plus en plus clairement et ceux qui leur résistent mettent leur vie en péril ; le passé ressurgit à travers le personnage de Romano Moravia, dont le père, Tonio, et le fils, Filippi, chérissent la mémoire ; Gaëlle découvre qu’il fut très proche de sa propre mère, Sylvia. Le docteur Olann Michelon commence à douter du bienfondé de ses décisions et trouve refuge auprès de son fils aveugle, Théodort.
Ce deuxième tome, essentiellement narré à la première personne par Gaëlle, complète très efficacement le précédent : reprenant certains événements du premier, mais du point de vue de l’héroïne, il éclaire certains points restés dans l’ombre tout en faisant progresser l’action. Le troisième tome dont on attend la parution avec impatience, sera centré sur Lou : celui-ci est-il vraiment mort ?
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Printemps-Été 2017 ».

La brigade de l’ombre : Ne compte que sur les tiens, Vincent Villeminot, Casterman, 2017.

La brigade ayant été démantelée, seul Bosco est resté à Paris pour continuer la tâche. Depuis janvier, l’ex-commissaire Léon Marcowicz s’est isolé en Corse avec ses filles. Fleur prépare son bac au lycée de Porto Vecchio et Adélaïde prend des cours par correspondance après avoir failli sombrer dans la folie. Elle apprécie les visites du Pygmée rwandais avec lequel elle aime toujours discuter. Mais fin juin, alors qu’Antonin son amoureux est venu la rejoindre, Fleur est menacée de viol par une bande de voyous menée par Matéo Figalli ; Antonin l’aide à s’enfuir mais il est tabassé et abandonné sur la plage. Peu de temps après, Matéo Figalli, son oncle et un de ses vieux amis sont retrouvés horriblement déchiquetés devant chez Marcowicz : ce dernier ayant disparu, il est soupçonné. Par ailleurs, une fusillade fait quatre morts dont Jimi Hendrix, qui parcourait le monde avec Diane Jobert depuis qu’ils avaient été « remerciés » de la police. Il ne faudra pas trop longtemps au commandant Jean-Bosco Nyrabuhinja, aidé d’Anna, alias Jeanne Darnet, pour démêler l’écheveau de ces tragiques évènements et reconstituer le puzzle mortel.
Ce dernier opus de la trilogie maintient un suspense haletant, et ce d’autant plus que la chronologie, entièrement déconstruite, joue sur des retours en arrière expliquant ce qui était resté dans l’ombre. Ce tome, centré sur Léon Marcowitz et ses filles, ainsi que sur les membres de la brigade, m’a semblé particulièrement réussi. Il s’agit bien d’un roman noir, car la violence, la souffrance et le deuil sont plus que jamais présents ; chaque personnage reste une personnalité complexe, forgée par son histoire, en proie au doute. Les ex-subordonnés de Marcowicz lui restent fidèles et tous se protègent les uns les autres : la brigade a de nouveau perdu un de ses membres en la personne de Jimi, Antonin restera marqué à vie dans son corps, mais cette famille élargie montre à quel point elle est étroitement soudée dans l’adversité, prête à braver les lois et à vivre, dans la clandestinité, une nouvelle vie.
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Automne-Hiver 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 ».

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Je commence à lire en BD, CP : Un nouveau copain, Mathieu Grousson/Sibylle Ristroph ou Je commence à lire en BD, CE1 : Marco est dans la lune, Mathieu Grousson/Séverine Cordier, Casterman, 2017.

De nombreuses vignettes colorées, comportant une ou deux bulles, racontent les journées des enfants qui fréquentent l’école des animaux. La description et le mode d’emploi d’une bande dessinée, ainsi que l’école et les personnages, sont présentés au début de l’ouvrage, à la fin duquel on retrouve jeux et quizz. Une nouvelle collection pour faciliter la lecture, en CP ou en CE1.

De son côté, Nathan lance, en partenariat avec Mobidys, expert en accessibilité cognitive, le label Dyscool, afin de faciliter la lecture des enfants dyslexiques. Les titres les plus connus de la collection Premiers Romans sont ainsi repris en intégralité, accompagnés d’outils adaptés qui vont permettre un déchiffrage, une compréhension et une autonomie plus faciles. Ainsi la police est plus lisible, le texte et l’illustration sont bien séparés, l’auteur a réécrit certains passages pour qu’ils soient mieux compris, des mots sont expliqués en bas de page, des syllabes sont colorées en bleu ou en rouge. L’attention, le décodage, l’abstraction et la motivation sont ainsi soutenus. Parmi les premiers titres : Le Buveur d’encre, Éric Sanvoisin/M. Matje ; Clodomir Mousqueton, Christine Naumann-Villemain/C. Devaux ; Une carabine dans les sardines (Anouk et Benji), Mymi Doinet/G. Chapron ; J’ai 30 ans dans mon verre (Nico), Hubert Ben Kemoun/R. Fallet. Une initiative très intéressante, à suivre.

Les enquêtes de Lottie Lipton : Les secrets de la pierre d’Égypte, Dan Metcalf, illustrations de R. Pernagarry, traduit de l’anglais par C-M. Clévy, Père Castor, Flammarion Jeunesse, 2017.

Voici une nouvelle série qui intéressera les jeunes amateurs d’enquêtes policières historiques. Ce premier tome met en scène des personnages qui deviendront récurrents. 1928 : Lottie Lipton, 9 ans, vit avec son grand-oncle, le professeur Bertram West, depuis que ses parents archéologues ont disparu, cinq ans auparavant, lors de fouilles en Égypte. L’oncle Bert s’occupant du département des antiquités égyptiennes, ils vivent dans un appartement du British Museum, ainsi que le gardien George. Lottie est une grande admiratrice de Victor Blade, l’inspecteur en chef de Scotland Yard, dont les enquêtes sont rapportées dans son magazine de chevet « Enquêtes et Mystères ». Elle hésite d’ailleurs entre devenir détective ou archéologue. Quoi qu’il en soit, son petit carnet et son crayon (livrés avec l’ouvrage) ne la quittent jamais, afin d’y noter des indices ainsi que le décodage des énigmes ou des messages secrets, le lecteur étant invité à l’imiter !
Cette fois-ci, elle et ses deux acolytes vont se lancer sur les traces d’un objet réputé légendaire, le trident de Neptune et le retrouver avant Bloomsbury Bill, un célèbre voleur londonien, qui se repentira d’avoir rencontré Lottie. Lecture facile, beaucoup d’humour.

Récits de la Bible, traduits de l’hébreu et adaptés par Pierre-Marie Beaude, Folio Junior Textes Classiques, 2017.

Quinze récits emblématiques qui permettront à chacun de découvrir l’Ancien Testament. Avec notes et carnet de lecture rédigés par l’auteur. Une occasion de découvrir la nouvelle maquette des Folio Junior.

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Cinéma, télévision, théâtre

Noémie superstar, Anne-Laure Bondoux, Mini Syros Roman, 2017.

Tout le village est en effervescence car un film va y être tourné avec la célèbre actrice Chloé Dubato et on cherche des figurants entre sept et neuf ans. Bien qu’elle se trouve bien trop laide avec ses lunettes, Noémie envoie sa photo et est retenue ainsi que Florian, son ami, et Garance, une peste, incollable en matière de cinéma… ou presque, car cette dernière découvre ainsi que les journées sont longues et qu’on peut être une star, comme la vedette du film, alors qu’on porte des lunettes. Un récit très court, bien écrit, pour comprendre que la beauté comporte de multiples facettes et reprendre confiance en soi.

Fille ou Garçon ?

Dans la peau de Sam, Camille Brissot, Soon, Mini Syros +, 2017

Lors d’une fête foraine high-tech, Charlie se retrouve dans le corps de Sam et vice versa ; elle est belle, populaire, mais assez superficielle, alors que lui est un garçon solitaire, au physique ingrat, servant de bouc émissaire à tous ses camarades du collège… Le premier étonnement et les premières fureurs passés, il va leur falloir se débrouiller chacun, non seulement avec ce nouveau corps, étrange à leurs yeux, suscitant le malaise, mais également avec un univers et une famille inconnus. C’est l’occasion pour tous deux de poser un nouveau regard sur l’autre, de le découvrir sous un autre jour et de changer de point de vue. Récit court et facile, non dénué d’humour, à destination des plus jeunes.

Albums

Le Frigo magique, Harlan Coben, illustrations de Leah Tinari, PKJ, 2016.

Qui se serait attendu à ce que cet auteur de thrillers imagine un album aussi farfelu ? Il faut dire que les illustrations aux couleurs vives, voire criardes et déjantées, y sont pour beaucoup. Walden apprécie très modérément de devoir mettre la table pour l’arrivée de ses grands-parents, oncles, tantes et cousins. Il a soif d’aventures et rêve d’autres horizons… Soudain son souhait se réalise : il est aspiré par un de ses dessins qui orne le frigo et se retrouve en mauvaise posture. Pour assurer sa survie, il passe ainsi dans une photo de ses grands-parents au zoo où il se fait attaquer par des singes, puis dans les différents documents et prospectus affichés sur le frigo, ce qui le mène de Charybde en Scylla ! Grâce, enfin, aux ciseaux d’un bon de réduction pour le coiffeur, il se tire d’affaire et retrouve toute sa famille pour laquelle il ressent finalement une affection toute neuve et très intense ! Cette morale toute simple et universelle vient en conclusion d’aventures magiques et fantastiques reposant sur une transgression narrative. Il faudra se montrer très attentif à la multitude de détails qui foisonnent sur chaque double page ; texte et images se complètent dans cet album original qui peut surprendre mais ne laissera pas indifférent.

Familles, Patricia Hegarty, illustrations de Ryan Wheatcroft, texte français d’Anne‑Judith Descombey, Père Castor, Flammarion, 2017.

Cet album très coloré, au format presque carré, célèbre la famille et son amour indéfectible à travers la vie quotidienne de dix familles représentatives de toutes celles qui composent la société contemporaine occidentale. Que l’enfant soit unique ou issu d’une famille nombreuse, handicapé, adopté, élevé par deux parents du même sexe, par ses grands-parents ou par sa mère seule, que ses parents soient d’origine africaine, asiatique ou européenne et quelle que soit la religion pratiquée, ces enfants focalisent attention et amour des adultes qui composent leur famille. Chaque double page comporte dix vignettes précédées ou suivies d’une phrase simple et poétique évoquant les joies et les peines de chaque jour. Accessible dès l’âge de quatre ans, cet album met en valeur de façon résolument optimiste le socle inébranlable constitué par la cellule familiale et insiste sur son rôle auprès des enfants. On ne peut malheureusement éviter de penser que ce message fort n’est pas la réalité de chaque enfant, aussi attaché soit-il à sa famille, et qu’il reste donc un idéal à atteindre dans de nombreux cas…

Rééditions ou Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) 

Aux éditions Gallimard Jeunesse

Dominic, L’Ile d’Abel et Le Vrai Voleur, William Steig, traduits de l’anglais par J. Hérisson et H. Robillot, Folio Junior, 2017.

Les aventures d’un chien généreux, d’un souriceau galant coincé sur une ile déserte et d’une oie que tout accuse : trois classiques de l’auteur.

Sur la tête de la chèvre, Aranka Siegal, traduit de l’anglais (États-Unis) par T. Brisac, Folio Junior, 2017.

L’histoire émouvante de Piri, une jeune hongroise juive âgée de dix ans lorsque la guerre débute ; elle et sa famille tentent de survivre, mais finissent par être déportées à Auschwitz. Récit d’inspiration autobiographique.

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, traduit de l’anglais (américain) par Bee Formentelli, Pôle Fiction, 2015.

Le récit bouleversant d’une jeune Lituanienne, Lina, et de sa famille déportée en Sibérie par Staline en 1941. L’auteure rend ainsi hommage aux trois peuples baltes décimés et à la dignité que personne n’a pu leur enlever. Librement inspiré de la vie de son père, l’ouvrage restitue avec beaucoup de force et de réalisme, parfois insoutenable, le combat pour leur survie de tous ces personnages profondément humains.

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, Pôle Fiction, 2016.

Une belle histoire d’amour sous forme de conte initiatique, qui ne cède pas à la facilité mais est porteuse d’espoir.

Tous nos jours parfaits, Jennifer Niven, traduit de l’anglais par V. Rubio-Barreau, Pôle Fiction, 2017.

Deux adolescents, Finch et Violet, essaient de retrouver ensemble le gout de vivre.

Le clan des Otori : Le Vol du héron et Le Fil du destin, Lian Hearn, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, Pôle Fiction, Gallimard, 2017.

Avec ces deux dernières parutions, l’intégralité de cette magnifique saga est à présent disponible au format poche pour les adolescents.

Aux éditions Thierry Magnier

 L’Expulsion, Murielle Szac, Petite Poche, 2017.

Nouvelle édition d’un texte paru en 2006, n’ayant rien perdu de son actualité.
S’appuyant sur une réalité qu’elle connait bien pour l’avoir vécue, l’auteure évoque l’expulsion de familles immigrées vivant entassées depuis des années dans des appartements vétustes. Sous les regards intrusifs des caméras, Bintou, la jeune narratrice, ressent de l’intérieur une humiliation supplémentaire, à savoir l’intervention musclée des policiers qui veulent faire évacuer l’immeuble « pour des raisons de sécurité ». Heureusement, des associations et certains riverains se mobilisent. Bintou surmonte sa honte et sait qu’elle peut compter sur son amie Lucie.
Un texte simple et fort, facile à lire et à comprendre, comme tous ceux de cette collection à prix modique publiant des petits romans qui se lisent comme une nouvelle.

Aux éditions PKJ

Blacklistée, Cole Gibsen, traduit de l’anglais (États-Unis) par A. Paupy, 2017.

Il faudra qu’elle soit à son tour harcelée au lycée et sur les réseaux sociaux pour que Regan, la narratrice, comprenne à quel point on peut souffrir du regard des autres, de leurs moqueries, voire de leur haine. Elle-même bien différente de ce qu’elle donne à voir, la jeune fille découvre à ses dépens que chacun autour d’elle cache bien son jeu, qu’il s’agisse de ses anciennes amies ou de nouveaux soutiens. Intrigue parfois prévisible mais bien conduite et salutaire.

Cité 19 : Ville noire et Zone blanche, Stéphane Michaka, 2018.

Enfin accessible en poche, une histoire passionnante, avec des retours dans le passé et des retournements de situations, présentée dans le cadre d’un réseau « Rêve ou cauchemar » (supplément en ligne Printemps-Été 2016).

N° 66 – BRICOLER, INVENTER, RECYCLER

Innovez ! Tel parait être le mot d’ordre institutionnel actuel. Mais ce que l’on baptise « innovation » est-il réellement nouveau ? Et, surtout, les innovations prônées sont-elles gages d’un véritable renouvèlement didactique et pédagogique, prenant en compte les problèmes d’apprentissage ?
Le numéro interroge les pratiques professionnelles dites innovantes comme les classes inversées. Il remet à leur juste place les outils numériques comme le TNI dont l’usage ne dispense pas d’une réflexion pédagogique et didactique. Les propositions d’activités du numéro réaffirment, dans l’acception que lui donne Lévi-Strauss, la part de bricolage pédagogique inhérente au métier. C’est l’expertise de l’enseignant qui lui permet de créer des dispositifs d’apprentissage et de gestion de classe efficients. Cela l’amène aussi à faire du neuf avec de vieilles recettes (en leur temps perçues comme innovantes) pour faire face à des prescriptions ou à des enjeux nouveaux. Ces dispositifs peuvent être d’envergure ou relever du quotidien de la classe. Dans les deux cas, ils demandent le temps de la maturation, de la concertation, de la mise en œuvre mais aussi le temps cyclique de l’expérimentation qui permet de les affiner.

Le numéro est disponible aux Presses Universitaires du Septentrion.

Sommaire

L’écureuil en cage de l’innovation, entre changement prescrit et invention ordinaire / Élisabeth Nonnon  9


Du temps pour inventer : un rallye avec toutes les 6e / Sophie Dziombowski  43


Le jour où je me suis déspécialisé / P. Heems  53


La classe inversée : l’innovation pédagogique en question(s) / Virginie Trémion  65


Votre futur livre préféré. Bricolages numériques entre exaltation et hésitations autour de la lecture cursive / Clémence Coget  81


Hors des rails / M. Habi  111


Innovations numériques et innovations pédagogiques à l’école / Cédric Fluckiger  119


Ma réforme de l’oral / Stéphanie Michieletto-Vanlancker  135


Faire du neuf avec du vieux : quelques réflexions sur un dispositif d’écriture à l’université d’Artois / Jean-François Inisan  147


Manipuler les textes avec les élèves : une relecture de Recherches / Nathalie Denizot  161


Des nouvelles du livre pour la jeunesse : terrorisme / É. Vlieghe  181

Éditorial

Pour célébrer ses 20 ans, Recherches publiait, en 2004, un numéro intitulé « Innover ». L’éditorial rappelait alors la place centrale, dans l’histoire de la revue, de « l’enseignant concepteur » qui innove « pour garder un regard critique sur l’évolution du système, une préoccupation particulière et générale pour ceux, élèves et parents, dont l’intérêt ne cesse jamais d’être au cœur des dispositifs d’apprentissage, en dépit des réformes et des discours officiels ». Il réaffirmait avec force que l’innovation était inhérente au métier et qu’il était prudent d’examiner la pertinence et le degré d’acceptabilité des innovations prescrites par une institution prompte aux rénovations de façade. Depuis lors, réformes et prescriptions ont continué à se succéder à un rythme tel que leur mise en place et leur appropriation, qui nécessitent un temps long [1], sont souvent vouées à l’échec. À cela s’ajoute l’absence d’évaluation effective et nuancée, faute de temps là encore, mais aussi de volonté politique : une telle analyse risquerait de mettre à mal la vénération du « neuf » face à la complexité des pratiques réelles et des apprentissages en jeu.

Si la revue a décidé de consacrer une nouvelle livraison à ce fil rouge, qui lui est cher, de l’enseignant-concepteur, c’est que […]

[1].    L’institution fait pourtant parfois l’expérience de ce temps long puisqu’il lui aura fallu près de trente ans pour appliquer, dans ses textes officiels, les rectifications proposées en 1990 par le Conseil Supérieur de la langue française.

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Printemps-été 2017

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Période électorale oblige, voici tout d’abord trois ouvrages au cœur de l’actualité :

La Démocratie en BD, Nathalie Loiseau, illustré par Aki, Casterman, 2017.

En un mois, Max et Nadia vont mener une enquête approfondie sur ce que signifie voter, élire, être élu. Ils ont en effet envie de se présenter à l’élection des délégués de leur classe de sixième, mais constatent rapidement qu’ils sont néophytes en la matière. Et ce ne sont pas les adultes qu’ils interrogent qui les rassurent sur la probité des hommes politiques. Ils vont essayer de se forger une opinion sur ce qu’est la démocratie et ce qui la constitue. Chaque réponse apportant de nouvelles questions, eux et leurs amis font ainsi le tour des institutions françaises et découvrent la complexité de la gestion du quotidien à l’échelle d’une commune ou de l’État. Conscients des responsabilités et des risques de la démagogie, ils se font élire sur un programme… démocratique. Un contenu dense, scénarisé par la directrice de l’ENA, rendu attrayant par la BD. Glossaire des mots-clés en fin d’ouvrage. Abordable dès le CM.

Les Élections, Sylvie Baussier, illustré par Maud Riemann, « Questions ? Réponses ! », Nathan, 2017.

En treize doubles pages illustrées de façon précise et souvent humoristique, le lecteur aura de nombreuses réponses aux questions qu’il se pose, tant sur les finalités que sur les modalités d’un vote, les différents types d’élections, de mandats ou les moyens de faire entendre sa voix. La dernière double page comporte un lexique des termes fondamentaux employés dans l’ouvrage, lequel aborde également les fausses démocraties et prône l’importance de l’Union européenne. Un sujet d’actualité pour ce numéro 46 d’une collection s’adressant aux jeunes à partir de 7 ans.

A voté ! On élit qui et pour quoi ?, Nicolas Rousseau, Castordoc, Flammarion, 2017.

Un tour d’horizon très complet en 95 pages qui permettra de comprendre les enjeux des différentes élections au sein d’une démocratie, en France, mais aussi dans d’autres pays, par comparaison. Un ouvrage qui contribuera à l’éducation à la citoyenneté, qu’il évoque les élections de délégués de classe, celle du président de la République ou les régimes dictatoriaux. Accessible dès le collège.

1939-1945… La Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier, Bruno Heitz, « L’Histoire de France en BD », Casterman, 2017.

Resituant rapidement l’arrivée de cette guerre à la suite de la première, le récit et les dialogues se concentrent sur la situation en France depuis la mobilisation générale jusqu’à la libération, l’armistice et la création de l’ONU. Les auteurs évoquent la vie quotidienne sous l’occupation allemande, la débrouille, la collaboration, les rafles, la résistance, en allant à l’essentiel. L’ouvrage se termine par des pages documentaires précisant certains points évoqués (quotidien, résistance, génocide). Abordable dès le CM1.
J’en profite pour signaler que Casterman modifie cette collection (refonte graphique, nouvelle maquette de couverture) et la segmente en six grands domaines : histoire (De Gaulle et le XXe siècle) ; art (Thématiques liées à des mouvements artistiques) ; sciences (Histoire de la vie) ; monde actuel (cf. le titre sur la démocratie présenté plus haut) ; mythologie (Jason et la toison d’or) ; classiques (Molière).

« Coups de cœur » ACTUALITÉ

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Traces, Florence Hinckel, Soon, Mini Syros +, 2016.

En 1956, Philip K. Dick a publié la nouvelle The Minority Report, adaptée au cinéma en 2002 par Steven Spielberg ; l’auteure, quant à elle, s’appuie sur l’existant, à savoir les traces numériques que nous laissons tous, pour imaginer que le gouvernement français utilise un logiciel permettant d’arrêter les citoyens avant qu’ils ne commettent un crime. À Marseille, Thomas Codislo, 13 ans, féru de jeux vidéo, projette de réaliser une fan fiction avec son ami Steven ; il a donc fréquenté de nombreux sites consacrés aux armes à feu, afin que ses personnages soient crédibles ; en outre, il vit seul avec sa mère, son père a fait de la prison et ses résultats scolaires ne sont guère brillants… Il n’en faut pas plus au logiciel « Traces » pour conclure que le collégien de quatrième va passer à l’acte. Alors que la police s’apprête à l’arrêter, Thomas s’enfuit et la traque commence. Abordé par le collectif « Innocent jusqu’à preuve du contraire », qui cherche à l’utiliser pour prouver l’absurdité et les dangers du logiciel, Thomas se retrouve au cœur d’un autre coup de filet, visant Salierini, un mafieux également poursuivi par l’équipe de la commissaire Olympe Sax, laquelle est aussi convaincue de l’innocence du premier que de la culpabilité du second ! Ce roman, court et haletant, se déroulant sur 24 heures, alterne le récit à la première personne de Thomas et un autre à la troisième centré sur le personnage d’Olympe, tous deux entrecoupés d’articles de journaux expliquant la genèse du logiciel, son fonctionnement ou les polémiques qu’il suscite. Il pose à destination des adolescents maintes questions essentielles sur toutes les traces qu’ils laissent sur la toile sans réfléchir, entre autres, aux libertés individuelles et aux dérives sécuritaires. Si nous n’en sommes pas encore là en France, on sait que la tentation existe dans certaines têtes et qu’il faut rester vigilant.

Le jour où on a mangé tous ensemble et Le jour où la France est devenue la France, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, « Premiers Romans », Nathan, 2017.

Quand on fait la classe à des enfants de toutes origines, cultures et confessions, on a intérêt à être astucieuse, surtout si on veut être bien notée par ses élèves ou être capable de répondre au « Pourquoi ? » Madame Okili s’en sort haut la main et toute la classe pourra piqueniquer, chacun picorant dans ce que les autres ont apporté. De même, elle amènera ses élèves à prendre conscience qu’on peut être noir, être né en France et être français depuis plusieurs générations, qu’on peut être gabonais et blanc et que la France ne s’est pas toujours appelée ainsi ! Quant à savoir pourquoi l’une est noire et l’autre blanc, c’est une autre histoire. Tolérance, lutte contre les préjugés et les idées reçues, plaidoyer pour le vivre ensemble sont au cœur de ces récits essentiels comme l’auteur sait si bien les écrire [1]. Premiers titres d’une nouvelle série, « Le jour où », à lire et à relire pour répondre aux questions que les enfants se posent et alimenter les débats.
[1] Un réseau constitué des œuvres de Thierry Lenain a été publié dans le numéro 22 de Recherches (compléments dans le numéros 32).

Rock War 2, « L’enfer du décor », Robert Muchamore, traduit de l’Anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.

Les héros du premier tome[2] ayant été sélectionnés pour l’émission de téléréalité « Rock War », ils rejoignent d’autres formations venues de différentes régions du Royaume-Uni ; les douze groupes d’adolescents sont réunis dans un manoir aménagé à grands frais : durant six semaines, ils se prépareront à la première phase destinée à éliminer trois d’entre eux. Certains de ces jeunes, très naïfs, découvrent les coulisses de ce type d’émission destinée à faire de l’audience à n’importe quel prix. Suivis par les caméras quasiment 24 h sur 24, ils constatent à quel point tout est scénarisé et « bidonné ». Les rivalités et mesquineries entre candidats n’ont rien à envier à celles auxquelles se livrent les producteurs ; les réalisateurs et caméramans se frottent les mains dès qu’un incident ou un scandale éclatent, les journalistes s’en donnent à cœur joie en matière de révélations et chacun règle ses comptes. Théo, incontrôlable, Summer et sa jolie voix font le buzz ; Jay, fidèle à ses valeurs, essaie de garder son calme et n’en revient pas que Summer s’intéresse à lui. Les personnages gagnent en profondeur, chacun affirmant son caractère et sa personnalité et l’humour reste bien présent. La satire féroce du milieu de la téléréalité (cf. réseau présenté dans le numéro 52 de Recherches) fait mouche. Une lecture divertissante et facile. À noter : le changement de couverture, calqué à présent sur celles de la série Cherub. Le tome 3 est annoncé pour septembre 2017.

[2] Présenté sur le site « Actualités » Printemps-Été 2016.

Les Porteurs, #1 – Matt, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.

Depuis la catastrophe du 26 avril, au cours de laquelle ils ont été irradiés, les humains naissent hermaphrodites, portent un prénom neutre (Flo, Matt, Fab, San…) jusqu’à l’âge de 16 ans, date à laquelle ils choisissent leur sexe et un nouveau prénom au cours d’une cérémonie appelée « Seza ». Nous sommes dans un futur proche où les adolescents fréquentent le lyceum et vivent dans une néosociété qui a créé les « Centres de Planning Hormonal » au sein desquels les Sanits prennent en charge la reproduction. Gaëlle, la petite amie de Matt, a déjà subi sa transformation et se sent bien dans sa peau ; Matt sait que dans trois mois, il choisira d’être un homme, alors que Flo aimerait retarder ce choix. Mais l’univers de Matt bascule lorsqu’on lui annonce qu’il est porteur d’une maladie génétique l’empêchant de choisir : il va rester neutre durant de longues années, au cours desquelles il devra subir un traitement sous le contrôle du docteur Michelon. Toutes les certitudes du narrateur s’effondrent à l’annonce de cette déficience ; d’abord déprimé et replié sur lui-même, il accepte peu à peu l’aide de Gaëlle : celle-ci fait des découvertes intéressantes sur des traitements naturels alternatifs, recoupant les informations que Matt obtient de la part de Lou, un mystérieux jeune homme qui le fascine. Qui a raison, de l’état ou des tenants des traitements phytohormonaux ? Qui manipule qui et pour quelles raisons ? Cette intrigue originale met en avant, même si c’est parfois de façon un peu maladroite, la question du genre, en posant des questions cruciales : sur quels critères choisit-on de devenir femme ou homme ? Flo a-t-il (eh oui, le pronom neutre n’existant pas en français, l’auteure a choisi « il » pour désigner les pré-seza) de la peine à choisir parce que ses deux parents ont développé un comportement égalitaire et ont élevé leurs enfants dans une stricte neutralité de genre ? Flo, devenu.e Floriane, éprouve-t-elle une attirance pour Gaëlle parce qu’elle a fait le mauvais choix, ou parce qu’elle est attirée par les femmes ? Et que dire des sentiments que Matt éprouve pour Lou dès leur première rencontre ? Comme dans toute contrutopie qui se respecte, le lecteur comprend progressivement que le mensonge et la manipulation sont au cœur des principes de gouvernement. Premier opus d’une trilogie dystopique dont le deuxième tome, s’intitulant #2 – Gaëlle, sera attendu avec impatience par les lecteurs, vu les rebondissements en cascade.

La Brigade de l’ombre : Ne te fie à personne, Vincent Villeminot, Casterman, 2017

Suite des aventures de Léon Markowicz, de ses filles et des membres de la brigade spéciale de surveillance et d’interception des malades IBLIS, dite « brigade des goules ». Fleur et Adélaïde peinent à se remettre de l’assassinat de leur mère ; quant à Léon, il n’est plus que l’ombre de lui-même, toujours plus sombre et taciturne. Ses collaborateurs doivent arrêter un tueur jouant les justiciers en s’en prenant aux goules qu’il épie et traque sans relâche ; mais la police criminelle leur met des bâtons dans les roues ; le capitaine Diane Jobert, les auxiliaires de police Gilberte, Anna et Willa deviennent alors des proies, sans compter les filles qui, malgré toutes les précautions de leur père, seront encore directement mêlées aux événements. Le lecteur apprend à mieux connaitre chacun des personnages et ses blessures irrémédiables ; puis, à l’instar des deux adolescentes, découvrira enfin les multiples secrets du commissaire Markowicz et de ceux qui l’épaulent fidèlement, notamment Bosco et Jimi. Un récit haletant et sans temps mort qui fait se succéder actions, meurtres, poursuites, rebondissements et révélations.
Le tome 1 a été présenté sur le site : Actualités « Automne-Hiver 2016 ». Un troisième tome est annoncé pour le mois d’octobre 2017.

Les Animaux fantastiques, Le texte du film, J.K. Rowling, couverture et design intérieur par Minalima, indications scéniques traduites de l’anglais par J-F. Ménard, Gallimard, 2017.

Pour ceux qui n’ont pas vu le film ou veulent le revivre, les aventures de Norbert Dragonneau, explorateur et magizoologiste, à New York, en 1926. Intéressant, entre autres, si on veut faire découvrir ce qu’est un scénario. Prix élevé (21 euros), mais on peut espérer une publication en poche.

Le Monde farabuleux de Roald Dahl, Stella Caldwell, illustré par Quentin Blake, traduit de l’anglais par Marie Leymarie, Hors-Série Roald Dahl, Gallimard Jeunesse, 2017.

Les enseignants et bibliothécaires y avaient pensé depuis longtemps : proposer à leurs ouailles d’écrire, de dessiner, de fabriquer des textes ou des objets, bref d’imaginer et de créer à partir de leur lecture des romans de Roald Dahl, en résonnance avec elles… L’auteure s’est emparée de l’univers du « champion du monde des histoires » avec d’autant plus de talent qu’elle a été soutenue dans sa démarche par celui de Quentin Blake. Quatorze romans, répartis en trois pôles (« Magie et charivari », « Des adultes abominables » et « Des bêtes et des êtres fantastiques ») font ainsi l’objet de multiples facsimilés (rapports officiels divers, articles de journaux, affiches, cartes de visite, notes de Roald Dahl rédigées sur un bloc-notes jaune, etc.) et dessins, tous plus désopilants et inventifs les uns que les autres, renvoyant aux péripéties narrées et leur faisant écho ; le tout agrémenté en début d’ouvrage de photos, d’anecdotes et d’éléments biographiques. Les différents guides insérés en milieu de page (celui du « parfait gredin », « du baroudeur », « du parfait touriste » ou « Le Manuel de sorciérophilie ») m’ont semblé particulièrement réussis. Et, cerise sur le gâteau pour terminer, un petit mot sous enveloppe du grand romancier délivre aux lecteurs un secret précieux !

Duchesses rebelles, tome 2 : La Dangereuse Amie de la Reine, Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion, 2017.

Suite des aventures des duchesses exilées. Le récit est centré cette fois-ci sur Marie-Aimée de Rohan, duchesse de Chevreuse, amie de la reine d’Espagne, Anne. C’est en effet à son tour de rédiger ses mémoires comme Mademoiselle le lui a proposé ainsi qu’aux autres « Duchesses rebelles ». Le tome 1 a été présenté sur le site : Actualités Printemps-Été 2016.

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Enfant-espion

La Cible (Bodyguard, tome 4), Chris Bradford, traduit de l’anglais par Antoine Pinchot, Casterman, 2017.

La fin du tome 3 le laissait entendre : Charley allait raconter à Connor comment et pourquoi elle avait perdu l’usage de ses jambes. L’action de celui-ci se situe donc deux ans avant le premier opus. Charlotte Hunter n’a pas été épargnée par la vie : sa meilleure amie, Kerry, a été enlevée sous ses yeux alors qu’elles avaient 10 ans et elle en garde une immense culpabilité ; puis ses parents meurent tous deux en avion lors d’une attaque terroriste. Âgée à présent de 14 ans, elle vit dans une famille d’accueil qui a du mal à la gérer et cherche à oublier ses peines en faisant du surf. N’écoutant que son courage et sa témérité, elle sauve un jeune surfeur aux prises avec un requin, ce qui lui vaut d’être recrutée par le Colonel Black, le dirigeant de Bodyguard. Seule fille au sein d’une équipe de gars plutôt machistes, Charley devra prendre confiance en elle afin de s’imposer ; plusieurs missions réussies lui valent d’assurer la protection d’une jeune star du rock britannique, Ash Wild, lors de sa tournée américaine. En effet ce dernier, malgré une immense popularité, semble menacé. Charley découvre le milieu de la musique, des concerts et les inconvénients de la célébrité : comment protéger Ash des paparazzis aux aguets et des fans en délire, voire de ses proches eux-mêmes ? Elle se perfectionne sous l’égide de Big T, un colosse, garde du corps attitré de la jeune vedette, qui la prend son aile malgré l’ombre qu’elle lui fait. Les incidents de plus en plus dramatiques se succèdent et Charley elle-même devient une cible. L’auteur s’entend à multiplier les suspects, les vrais et faux coupables, les rebondissements abondent. La tension est d’autant plus forte pour le lecteur qu’il sait que Charley sera grièvement blessée, mais il lui faudra attendre la dernière minute pour apprendre dans quelles circonstances. Tant d’épreuves pour une seule adolescente sont-elles possibles ? On pourrait se dire que le romancier exagère, mais la vie nous apprend que ce n’est pas le cas. Il a choisi de créer un personnage résilient. Charley est prête une nouvelle fois à rebondir, comme le lecteur avait pu le constater dans les trois tomes précédents. Musique, action, romance sont au rendez-vous, aucun temps mort !

Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) ; rééditions comportant des modifications

Aux éditions Gallimard Jeunesse

Folio Junior fête ses 40 ans : à compter du 1er juin 2017, nouvelle charte graphique et nouveau logo ; c’est la cinquième fois que la collection fait peau neuve…

Le roman d’Ernest et Célestine, Daniel Pennac, Folio junior, 2017.

Le roman du film. Édition originale publiée en grand format par Casterman en 2012, qui publiera en septembre 2017 une version illustrée grand format du roman rédigé par Pennac.

Quelques minutes après minuit, Patrick Ness (d’après une idée originale de Siobhan Dowd), traduit de l’anglais par Bruno Krebs, Folio Junior, 2016.

Un film adapté de ce roman est sorti en janvier 2017. Une édition du film en grand format est parue simultanément.

Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë, Traduit de l’anglais par F. Delebecque, Folio Junior Textes Classiques abrégés, 2017.

Après la vague, Oriane Charpentier, Pôle Fiction, 2017.

La face cachée de Margo, John Green, Traduit de l’anglais par C. Gibert, Pôle Fiction, 2017.

Animale, tome 2 : La prophétie de la reine des neiges, Victor Dixen, Pôle Fiction, 2017. Rappel : Tome 1 : La malédiction de Boucle d’or, Pôle Fiction, 2015.

Aux éditions Flammarion Jeunesse

Le célèbre Imagier du Père Castor (1995) parait en édition bilingue arabe-français, A. Telier, traduction revue et complétée par Yacine Benachenhou, illustrateurs multiples, 2017.

Sous chaque image le mot est noté en caractères arabes, en arabe phonétique et en français.

Par ailleurs, les romans à succès de Pierre Bottero sont réédités dans un nouveau format semi-poche (140 x 190), avec un graphisme bien spécifique formant ainsi une collection à part entière qui devrait rapidement devenir collector. Deux titres à ce jour : Le Garçon qui voulait courir vite (deuil et amour entre frère et sœur) et Tsina (amitié entre une jeune fille et un cheval), 2017.

Aux éditions Casterman

Hors la loi, Cherub 16, Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, 2017.

Aux éditions PKJ

Divergente, Véronica Roth, traduit de l’anglais par A. Delcourt, 2017.

Bonne nouvelle : PKJ publie les trois tomes de cette dystopie, rendue célèbre par le cinéma, en poche dans sa collection « Best ».

N° 65 – GENRES SCOLAIRES

Si le genre est au cœur de l’enseignement du français, ce n’est pas seulement à travers ces objets d’étude que sont les genres littéraires.  À l’école, le travail sur les textes est encadré par des modèles qui en régissent la réception et la production. Selon une approche plurielle  (didactique du français, analyse du discours et histoire des disciplines), le numéro traite de genres scolaires qui s’enseignent (la dissertation), mais aussi d’outils (les manuels, les questionnaires sur un texte) et d’activités (la récitation) qui gagnent à être pensés comme des genres scolaires, ainsi que de l’usage scolaire, voire de la scolarisation, d’objets extrascolaires (albums pour la jeunesse). Chemin faisant, le numéro explore ainsi la construction scolaire des objets d’enseignement.

Le numéro est disponible aux Presses Universitaires du Septentrion.

Sommaire

Quelques remarques sur la notion de genre scolaire / D. Maingueneau 7


Quand la devinette devient un genre scolaire. Analyse didactique d’une séquence de lecture-écriture en CP/CE1 / N. Denizot 17


Des albums pour parler, des albums pour se taire / P. Heems 33


L’album de littérature de jeunesse : genre, forme et/ou médium scolaire ? / A. Leclaire-Halté, L. Maisonneuve 49


L’évolution des genres scolaires en français : le cas de la dissertation à Genève (1970-2004) / A. Monnier 65


Débattre, faire débattre et apprendre à débattre. Étude des déclarations d’enseignants de cycle 3 sur des genres disciplinaires du débat / A. Destailleur 87


Le questionnaire en question / M. Habi 109


Des élèves concepteurs de pages de manuel / C. Mercier 129


La récitation / S. Piot 147


Genres scolaires et genres scolarisés en écriture et pratiques sociales de référence. Le cas de l’école primaire en Suisse romande (1830-2010) / B. Schneuwly, S. Aeby Daghé 163

Des nouvelles du livre pour la jeunesse : albums en tous genres / É. Vlieghe 177

Éditorial

Il peut paraitre déroutant pour nos lecteurs que ce numéro de Recherches soit consacré aux « genres scolaires », tant cette notion, encore instable sur un plan théorique, peut sembler peu pertinente pour l’enseignant de français, pour qui elle n’est pas objet d’enseignement ni d’apprentissage. Le sujet n’est d’ailleurs pas très familier à la revue, dont le dernier numéro sur la question des genres1 remonte à 1990. Mais le genre, c’était alors le genre littéraire, et l’éditorial se faisait l’écho de la perplexité voire des désaccords au sein du comité de rédaction face à une notion « marquée du sceau de l’archaïsme voire du label réactionnaire des Belles-Lettres2 ». L’usage le plus productif au plan didactique semblait être à cette époque l’entrée dans les classes des genres paralittéraires.

Depuis les années 1990, de nombreux travaux ont conduit à déplacer cette question des genres littéraires vers les genres discursifs voire vers les genres d’activités – notamment à la suite d’une redécouverte des écrits de Bakhtine3. Cette livraison de Recherches témoigne de ce déplacement : les genres littéraires y sont quasiment absents, sinon à travers les albums de littérature de jeunesse, objets exemplaires pour interroger justement les frontières entre genre littéraire et genre scolaire. Mais la notion permet de s’intéresser à ces genres présents dans la classe de français que sont par exemple la dissertation, le questionnaire des manuels ou le débat. De fait, c’est plutôt aux genres scolaires disciplinaires que nous nous intéressons ici, […]

 Ce que le Café Pédagogique dit de ce numéro dans son Expresso du 30 janvier 2017.

 

 

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Automne-hiver 2016

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Tous citoyens, tous politiques ! Débats et portraits, Sandra Laboucarie, illustré par Vincent Bergier, Nathan, 2016.

Voici un ouvrage qui devrait figurer dans tous les CDI tant les questions soulevées sont au cœur de l’actualité. Les collégiens et lycéens y trouveront matière à s’informer sur les différents aspects de la politique en France et dans le monde : les grandes idées, les régimes autoritaires ou démocratiques et leurs chefs, partis (français), les lois : élaboration, respect, désobéissance, le vote, l’engagement citoyen, etc. En une dizaine de chapitres décomposés en « Débats » puis « Portraits » (ces derniers parfois sous forme d’interviews) illustrant concrètement les notions abordées, l’auteure, de façon engagée, réussit à aborder de nombreux points essentiels pour comprendre, réagir et agir.

Vrai ou faux, ouvrage collectif traduit de l’anglais, Gallimard jeunesse, 2016.

À tous les curieux qui se posent de nombreuses questions concernant le corps humain, la nature, les sciences et la technologie, l’espace, la terre et l’histoire ou la culture, ce livre répondra de façon détaillée et vivante. Un bon moyen d’être au clair sur toutes les idées reçues : oui, les séismes sont extrêmement nombreux, mais seuls quelques-uns sont dévastateurs ; non, les rats ne transmettent pas directement la peste, même s’ils véhiculent les puces porteuses de la maladie ; non, la lune ne comporte pas une face sombre : c’est juste qu’elle nous présente toujours la même face ; oui, la pénicilline a bien été découverte par accident ; non, les médailles d’or des Jeux olympiques sont pas en or massif, mais en vermeil, et ce depuis 1912. Un bel album illustré dont la mise en page fait penser à celles des magazines.

Les Tops de l’Antiquité : Égypte ancienne, Mythologie Grecque, Rome, Sandrine Mirza et Hélène Montardre, illustré par Sylvie Bessard, Glen Chapron et Vincent Desplanche, Dokéo, Nathan, 2016.

Chaque double page traite de façon simple et vivante, à partir d’une maquette récurrente, d’un ou deux sujets liés à la civilisation évoquée en ce qui concerne l’Égypte et Rome : aspects les plus importants (la momification ; les jeux du cirque), dates (la bataille d’Actium en -31 ; le partage de l’empire en 395), personnages (Ramsès II ; Néron), lieux (Giza ; Pompéi), dix records (l’écriture la plus compliquée : les hiéroglyphes ; le prisonnier le plus célèbre : Vercingétorix). En ce qui concerne la mythologie grecque, il s’agit de présenter les dieux et les héros, de Gaia à Oreste en passant par Tantale et Antigone… On se demande cependant pourquoi la Grèce n’a pas été présentée de la même façon que les deux autres civilisations, ce qui aurait rendu l’ouvrage plus cohérent et moins hétérogène. Néanmoins, une mine d’informations utiles et intéressantes, en 240 pages, au format carré.

 « Coups de cœur » ACTUALITÉ

Nouveautés en matière d’édition et de collections

La Brigade de l’ombre : La prochaine fois ce sera toi, Vincent Villeminot, Casterman, 2016.

Le commissaire Léon Markowicz dirige une brigade un peu spéciale, puisqu’elle est chargée de traquer les goules, créatures qui peuvent se montrer très violentes. Lorsque le corps d’une jeune lycéenne, Valentine Manant, est retrouvé atrocement mutilé, le policier comprend très vite que cette affaire le concerne personnellement : sa famille est menacée, alors qu’il a tout fait pour protéger sa femme Anne-Cécile, ainsi que ses filles Fleur et Adélaïde, au point de se séparer d’elles dix ans plus tôt, ce qui a ruiné son couple. Secondé par des adjoints aussi tourmentés et marginaux que lui, il se lance à la poursuite d’un assassin déterminé, prêt à toutes les horreurs pour se venger. Si le ton et les ellipses volontairement entretenues peuvent tout d’abord désarçonner le lecteur, il finit par s’attacher à des personnalités complexes, originales, porteuses parfois de lourds secrets. Ce roman vraiment noir, non dénué d’humour, certes, mais qui ne cède pas à la facilité d’une fin heureuse, constitue le premier tome d’une trilogie mi policière, mi fantastique, destinée aux plus âgés.

Harry Potter et l’enfant maudit, J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne, traduit de l’anglais par J-F. Ménard, Gallimard, 2016.

Je suppose que je n’apprendrai rien à personne en évoquant la parution du texte de la pièce mise en scène par John Tiffany, qui connait un succès triomphal à Londres ! Il s’agit donc, non pas du huitième tome de la saga, mais de dialogues rédigés par Jack Thorne sur une idée originale de J.K. Rowling. Le début reprend l’épilogue du tome sept : « Dix neuf ans plus tard ». Harry, 37 ans, marié à Ginny, dirige le Département de la Justice Magique au ministère de la Magie, dont la titulaire n’est autre qu’Hermione ; il est père de trois enfants : James, Albus Severus et Lily, dont la cousine, fille de Ron et d’Hermione, se prénomme Rose. Dans le train qui le mène pour la première fois à Poudlard, Albus fait la connaissance de Scorpius Malefoy. C’est le début d’une amitié inattendue qui sera au cœur de l’intrigue, s’étalant sur plusieurs années, faisant passer à l’arrière-plan de nombreux autres personnages. Tous deux affectés à Serpentard, les jeunes garçons partagent les mêmes complexes face à des pères que, pour des raisons différentes, ils trouvent écrasants. Pour s’opposer à son père et parce qu’il est tombé amoureux de Delphi, la nièce d’Amos Diggory (le père de Cédric, mort dans La Coupe de feu), Albus va entrainer Scorpius dans une aventure qui les renverra plusieurs fois dans le passé afin d’essayer de le modifier, ce qui s’avèrera lourd de conséquences. Les parents devront s’en mêler et oublier leurs différends passés pour sauver leurs enfants… D’un rythme soutenu, la pièce se laisse lire sans trop de déplaisir, même si assister au spectacle doit être autrement plus impressionnant (rappelons que la pièce dure 5 heures…). On retrouve, du moins en partie, l’univers de la saga, mais les inconditionnels risquent d’être frustrés face à certaines incohérences ou facilités. En ce qui me concerne, je déplore des dialogues souvent mièvres et des retours dans le passé artificiels. Il faudra en outre attendre la parution en poche pour que le prix du livre soit abordable. Je signale que toutes les couvertures des sept tomes parus en Folio Junior ont été redessinées par un jeune graphiste britannique, Olly Moss, choisi par l’auteure. Ajoutons enfin, phénomène qui ne vous aura pas échappé, que le cinéma (cinq films prévus) s’est emparé d’un ouvrage publié en 2001, Les Animaux fantastiques (épuisé pour l’instant), petit livre dans lequel J.K. Rowling donnait vie au manuel scolaire des petits sorciers de Poudlard, rédigé par Norbert Dragonneau. Les éditions Gallimard publient donc parallèlement toute une série d’albums documentaires luxueux liés à l’univers du film.

Les Humanimaux, Éric Simard, Mini Soon, Syros Jeunesse, 2016.

L’enfaon, L’enbeille, L’enlouve, L’engourou, L’enbaleine et L’encygne, mi-enfants, mi-animaux, ont une sensibilité accrue et des capacités hors normes. Génétique, rêve, pouvoirs, amitié sont quelques-uns des thèmes abordés.

20, allée de la Danse : Rivales, Parfaite… ou presque !, L’Ombre d’un frère, Petite rebelle, Élizabeth Barféty, illustré par Magalie Foutrier, Nathan, 2016.

Créée en partenariat avec L’Opéra national de Paris, cette série, comportant déjà quatre titres, restitue sous forme fictive le quotidien des élèves de l’école de danse, à savoir six amis, parmi les plus jeunes de l’école. Chaque tome se centre sur l’un d’eux, fille ou garçon, en abordant les problèmes essentiels auxquels ils sont confrontés : rivalité, peur de l’échec, compétition, etc. 155 pages rédigées en gros caractères, accessibles dès le primaire pour tous ceux que la vie des petits rats passionne. À noter, dans un même cadre de collaboration, la parution concomitante d’un ouvrage extrêmement documenté, Les Coulisses de l’Opéra, de Claudine Colozzi, pour tout savoir sur les lieux, l’histoire, les arts et les artistes liés à la danse. Même maquette que Les Tops de l’Antiquité (voir ci-dessus).

Apprentis Chercheurs : Sur la piste de l’arc en ciel, Un mystère sous l’océan, Des empreintes dans le passé, Une lumière venue de l’espace, Hélène Montardre, illustré par Laurent Audouin, Premiers Romans, Nathan, 2015 et 2016.

Lancée en 2015, cette série met en scène Lisbeth et Matt, sœur et frère curieux de tout ; aidés de leur oncle Philibert, ils percent les mystères de l’univers : les enfants abandonnent peu à peu les explications magiques ou fantastiques pour arriver progressivement à une conception rationnelle et scientifique du monde ; les titres sont explicites. Une collection qui documente à travers une fiction.

J’en profite pour signaler quelques ouvrages de cette collection abordable dès le CP, selon les titres :

H.E.N.R.I endort les grands, Yves Grevet, illustré par Jesse Pauwels, 2016.

Cette série publiée depuis 2014 comporte déjà six titres mettant en scène Manon, dont le nouvel ami, H.E.N.R.I, dispose de pouvoirs extraordinaires. Ce tome dévoile la signification du nom de celui-ci : Hyperpoilu, Extraterrestre, Nomade, Remarquablement Intelligent. Reste à garder le secret ! Beau plaidoyer en faveur de l’acceptation de l’autre, si différent de nous soit-il.

La Famille trop d’filles : Anna la rebelle, Susie Morgenstern, illustré par Clotka, 2016.

Dans la famille Arthur, vous pouvez demander l’une des six filles dont Anna est l’ainée, ou Gabriel le petit dernier, à moins que ce ne soit Billy le garçon au pair irlandais ! Quant aux parents, ils sont retenus ailleurs par leur travail … Cette fois-ci, c’en est trop pour Anna qui n’en peut plus de gérer toute la fratrie. À la sortie du collège, avec la complicité de son ami Martin, elle décide de rester clandestinement chez lui pour la nuit. Il n’en faudra pas plus à Grand-mère Léo pour comprendre que « les droits universels des enfants » s’appliquent également à sa petite fille. Une série humoristique et dynamique qui comporte déjà une dizaine de titres, consacrés chacun à l’un des enfants ainsi qu’à Billy, à chaque parent et à la mamie.

Le livre qui fuit, Roland Fuentès , illustré par Amandine Laprun, 2016.

Timéo, le héros du Bureau des mots perdus (R. Fuentès, Nathan, 2012) a reçu de la part de son père un ouvrage extraordinaire intitulé Le Secret des mots d’amour ; ce livre précieux se transmet de génération en génération. Pas découragé par les 458 pages, Timéo compte bien l’utiliser pour déclarer son amour à Juliette ; mais soudain, les lettres quittent progressivement le livre. Désespéré, Timéo fait appel à la clinique des livres ; celle-ci lui envoie son ami Athanase qui finira par découvrir le remède. Un récit humoristique, regorgeant de trouvailles amusantes, jouant avec les mots et rendant hommage aux livres érigés au rang de personnes qui souffrent et dont il faut à tout prix prendre soin. Les deux titres s’intégreront sans peine dans un réseau autour des mots.

Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) ; rééditions comportant des modifications

Aux éditions Gallimard

Tobie Lolness : La Vie suspendue et Les Yeux d’Élisha, Timothée de Fombelle, illustré par François Place, 2016.

Pour fêter le dixième anniversaire de la parution des aventures de Tobie, dont le courage est inversement proportionnel à la taille (un millimètre et demi), l’éditeur a réuni les deux tomes (également parus en Folio Junior) en un superbe opus illustré par François Place. Belle astuce : la jaquette de couverture, une fois dépliée, constitue une affiche recto-verso représentant le chêne face été et face hiver avec une multitude de détails. Ce sera l’occasion pour de nouveaux lecteurs de faire la connaissance du peuple minuscule qui vit depuis la nuit des temps dans le grand chêne et de la traque dont Tobie fait l’objet. Un roman d’aventures remarquable exaltant l’amitié et l’amour.

Le passage, Louis Sachar, traduit de l’anglais par J-F. Ménard, Folio junior, 2016.

On retrouvera avec plaisir et émotion les aventures de Stanley Yelnats, injustement condamné, envoyé creuser des trous au Camp du lac vert. Publié à l’origine par l’École des loisirs.

Mon père est parti à la guerre, John Boyne, traduit de l’anglais par C. Gibert, Folio Junior, 2016.

Voir présentation dans le n° 61 de Recherches, 2014, réseau « Grande Guerre ».

Le mystère de Lucy Lost, Michael Mopurgo, traduit de l’anglais par D. Ménard, Folio Junior, 2017.

Voir présentation dans la chronique électronique « Automne-Hiver 2015 », réseau « Grande Guerre ».

Le Livre de Perle, Timothée de Fombelle, Pôle Fiction, 2017.

Voir présentation dans le n° 63 de Recherches, 2015, réseau « Rêve ».

Junk, Melvin Burgess, traduit de l’anglais par L. Devaux, Pôle fiction, 2017.

Reprise d’un célèbre roman sur l’amitié, l’amour, la drogue. La lente descente aux enfers de Nico et de Gemma.

W.A.R.P., Eoin Colfer, traduit de l’anglais par J-F. Ménard, Pôle Fiction, 2015, 2016, 2017.

Les trois tomes, L’Assassin malgré lui, Le Complot du colonel Box et L’Homme éternel, sont à présent disponibles au format poche. Espionnage et voyages dans le temps au programme !

Le Père Goriot, Balzac, Folio Junior, version abrégée, 2016.

Enfin, Roald Dahl est mis à l’honneur par les éditions Gallimard car il aurait eu 100 ans le 13 septembre 2016. De ce fait, tous les romans de l’auteur bénéficient d’une nouvelle couverture et 10% des droits d’auteur seront reversés à des associations de bienfaisance. En outre, certains sont publiés en grand format (14,90 €) tels :

Le Bon Gros Géant, traduit de l’anglais par J-F. Ménard, 2016.

Quatre histoires (Charlie et la chocolaterie, Charlie et le grand ascenseur de verre, James et la grosse pêche, Matilda), traduites de l’anglais par M.‑R. Farré, É. Gaspar, M. Orange, H. Robillot), illustrées en couleurs par Q. Blake, 2016.

Moi, Boy et plus encore, traduit de l’anglais par J. Hérisson et J.‑F. Ménard, illustré par Q. Blake, 2016.

Le récit de l’enfance de R. Dahl est enrichi de lettres, photographies, anecdotes et textes inédits, insérés au fil du texte, avec, en prime à la fin, un quiz qui permettra de vérifier que le lecteur sait tout sur l’auteur.

Roald Dahl, Le géant de la littérature de jeunesse, 2016.

Il s’agit d’un ouvrage collectif coédité avec le magazine Lire. Composé de quatre sections (La saga Roald Dahl, L’œuvre, Dahl inédit, Autour de R. Dahl), l’ouvrage se présente comme une revue abondamment illustrée de nombreuses photos et documents, réunissant des interviews de l’auteur et de ses proches, des témoignages de son illustrateur attitré et d’écrivains français contemporains, des textes et illustrations inédits, bref, une somme sur un « géant » de la littérature jeunesse qui devrait contenter tous ses fans.

Aux éditions Flammarion

L’alchimiste, Paulo Coelho, traduit du portugais par Jean Orecchioni, illustré par Michel Galvin, 2016.

Nouvelle édition illustrée de ce classique, autrefois paru en Castor Poche (épuisé).

La Reine des Neiges, Andersen, illustré par C. Gestaut, 2016.

Aux éditions Casterman

Un lion à Paris, Béatrice Alemagna, Les albums Casterman, 2016.

Un gros lion jeune, curieux et solitaire, quitte sa savane natale pour Paris, ville sur laquelle il concentre tous ses espoirs. Notre ami déambule dans une ville qui ne cesse de le surprendre et que nous voyons tout à coup de son point de vue, ce qui donne lieu à de belles illustrations et collages, dans les tons ocres, humoristiques et poétiques, très signifiantes par rapport au texte qu’elles complètent efficacement. Étonné, voire déçu, de passer inaperçu, de monument en rencontres, il finira par trouver la place qui lui convient parfaitement, où il sera joyeusement salué par tous les Parisiens. À la manière d’un conte des origines, l’auteure imagine l’histoire de la statue du lion de la place Denfert-Rochereau à Paris, érigée par Bartoldi entre 1876 et 1880.

Réédition très grand format (38,5 x 29 cm, à lire dans le sens horizontal, la page du haut étant consacrée au texte, celle du bas à l’image) d’un album de référence en littérature jeunesse (recommandé au cycle 2) pour le dixième anniversaire de sa parution (Autrement, 2006).

Ernest et Célestine et Noël chez Ernest et Célestine, Gabrielle Vincent, 2016.

Trois histoires, La Fanfare (inédit), La Tasse cassée et Le Patchwork, réunies dans un coffret pour le premier titre ; nouvelle édition d’un classique dans un format souple à prix modique pour le second.

Le Coffre enchanté, Jean-François Chabas, illustré par David Sala, 2016.

Nouvelle édition et nouvelle couverture pour cette histoire de coffre qui ne veut pas s’ouvrir, ce qui contrarie beaucoup l’empereur.

100 jours en enfer et Trafic, Robert Muchamore, 2016.

Édition collector des deux premières aventures des jeunes agents de Cherub. Signalons également qu’elles font désormais l’objet de bandes dessinées réalisées par John Aggs (2016, 2017).

Aux Éditions Syros

Dix petits noirs, Collectif, Hors collection, 2016.

Nouvelle édition de dix récits policiers incontournables : Didier Daeninckx, Le Chat de Tigali ; Joseph Périgot, Qui a tué Minou Bonbon ? Marie et Joseph, Le Crime de Cornin Bouchon ; Thierry Jonquet, On a volé le Nkoro Nkoro ; Jean-Loup Craipeau, Crime caramels ; Olivier Mau, Armand et le commissaire Magret ; René Frégni, Marilou et l’assassin ; Gérard Carré, Sèvres-Babylone ; Marc Villard, Les Doigts rouges ; Jean-Hugues Oppel, Trois fêlés et un pendu.

Dix histoires de futur, Collectif, Hors collection, 2016.

Reprise de dix ouvrages parus dans la collection « Mini Syros Soon » : Claire Gratias, Opération « Maurice » ; Éric Simard, L’Enfaon ; Ange, Le Très Grand Vaisseau ; Jeanne-A Debats, L’Enfant-satellite ; Carina Rozenfeld, À la poursuite des Humutes ; Éric Simard, Robot mais pas trop ; Jeanne-A Debats, L’Envol du dragon ; Nathalie Le Gendre, Libre ; Claire Gratias, Une porte sur demain ; Ange, Toutes les vies de Benjamin.

Aux éditions PKJ

Geek Girl, Holly Smale, traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec, 2016.

Parution progressive, au format poche, de la série éditée en grand format par Nathan (cinq tomes à ce jour). Pour suivre les aventures d’Harriet Manners, qui sait tout sur tout mais semble socialement inadaptée. Saura-t-elle saisir sa chance de devenir une autre quand une agence de top-modèles la repère ? Ton humoristique pour cette saga adolescente parfois déjantée.

La Voleuse de livres, traduit de l’allemand par Marie-France Girod, Markus Zusak, 2017.

Passage en poche de ce livre très original, dont l’intrigue se situe en Allemagne nazie : la narratrice n’est autre que la Mort.

Ne t’arrête pas, Michelle Gagnon, traduit de l’anglais par Julien Chèvre, 2017.

Passage en poche du premier tome de ce thrilleur haletant, trilogie éditée en grand format chez Nathan. Solitaire et méfiante, Noa a néanmoins besoin d’aide lorsqu’elle se rend compte qu’elle a été opérée, à son insu, par des inconnus. C’est Peter, hacker comme elle, qui la lui apportera ; ils devront fuir leurs poursuivants et combattre le concepteur du maléfique projet « Perséphone », prêt à tout pour mener une expérience scientifique terrifiante. Société corrompue par l’argent, ressources et dangers d’internet, manipulations génétiques sont quelques-uns des thèmes au cœur de ce récit sans temps mort.

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Printemps-été 2016

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

50 inventions qui ont fait le monde de Philippe Nessmann, Flammarion Jeunesse, 2016

Chaque année, indique l’auteur en fin d’ouvrage, deux cent mille brevets d’invention sont déposés… C’est dire s’il lui a fallu opérer un choix draconien, mais éclairé vu son expérience, pour présenter aux jeunes lecteurs ces inventions qui ont marqué le monde et les hommes depuis plus de deux mille ans. Présentées de façon chronologique (de la Préhistoire à nos jours), du galet taillé au smartphone en passant par le livre de recettes, le celluloïd ou le tube à vide (pour évoquer les moins « connues »), à raison d’une par page, chaque invention est resituée par pays puis sur une frise chronologique, décrite dans ses aspects essentiels et illustrée par des photos, des schémas, des tableaux ou des gravures. Un ouvrage précieux pour les collégiens voire les écoliers dès la fin du primaire.

« Coups de cœur » ACTUALITÉ

Demain, je t’écrirai encore. Lettres de jeunesse des grands écrivains rassemblées et présentées par Marie-Ange Spire, Textes classiques, Folio Junior, Gallimard Jeunesse, 2015

Belle idée que d’avoir réuni trente et une lettres rédigées par vingt et un écrivains durant leur jeunesse, entre  sept (Marcel Aymé) et vingt-trois ans  (Guy de Maupassant) … Qu’elles soient adressées à des proches ou à des amis, voire des aimé(e)s, ces lettres touchent par leur naïveté, leur sincérité et ce qu’elles révèlent des futures célébrités. Qu’il s’agisse de Verlaine, 14 ans écrivant à Victor Hugo (auquel Baudelaire écrivit également), de Marcel Proust, 15 ans écrivant à sa grand-mère en terminant par des phrases syntaxiquement torturées puis phonétiques, de Rimbaud suppliant Paul Verlaine de le rejoindre ou de George Sand qui passe du tutoiement au vouvoiement vis-à-vis de sa mère en quelques années, le lecteur sera surpris ou amusé du contenu de ces missives dont l’orthographe originelle a été conservée.
Un carnet de lecture apporte des compléments en fin d’ouvrage sur les écrivains concernés et le genre que constitue la lettre.

Duchesses rebelles : L’intrépide cousine du Roi d’Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion Jeunesse, 2016

Les fans des Colombes du Roi-Soleil se réjouiront en découvrant cette nouvelle série qui prend pour héroïnes cinq jeunes duchesses exilées pour avoir participé, de près ou de loin, à la Fronde dirigée contre Mazarin, qui aurait pu empêcher Louis XIV de régner. Contrairement aux jeunes filles précédemment évoquées, celles-ci ont réellement existé et ont vécu à la cour avant d’en être chassées. Mais elles espèrent bien y retourner ! Anne-Marie Louise de Bourbon-Orléans, duchesse de Montpensier (fille de Gaston d’Orléans, frère du roi Louis XIII) alias « Mademoiselle » est l’héroïne de ce premier tome. Supportant difficilement sa réclusion à Saint-Fargeau et se languissant de la vie parisienne trépidante, elle décide d’écrire à d’autres jeunes « frondeuses », amies ou rivales, exilées comme elles, afin de  les convier à un jeu, prétexte à leurs retrouvailles. Elle réussit à les convaincre de rédiger leurs mémoires afin que leurs actions ne soient pas oubliées au profit de celles des hommes. Étant à l’initiative de cette proposition, c’est elle qui prendra la plume la première après leur avoir donné rendez-vous l’année suivante afin de se lire les meilleurs extraits de leurs textes.
L’histoire est au rendez-vous, le glamour également !

Les yeux du dragon de Stephen King, traduit de l’anglais (E-U) par  E. Châtelain, illustré par N. Duffaut, Flammarion, 2016

 King a écrit un jour un roman à l’intention de sa fille Naomi alors âgée de 13 ans. Les amateurs de magie gothique apprécieront les déboires et les aventures de Peter, héritier du royaume de Délain qui devra faire preuve de beaucoup de patience, d’intelligence, de ruse et de courage pour retrouver sa position de prince héritier du royaume. Voulant assurer son pouvoir et sa domination, le magicien Flagg empoisonne le roi Roland, fait injustement condamner et emprisonner Peter pour, ensuite, manipuler à sa guise Thomas, le cadet. La fin évoque de façon allusive le combat de Thomas et de Dennis, son majordome, contre Flagg ; les lecteurs assidus du romancier se souviendront qu’on retrouve ces personnages dans les romans pour adultes, La tour sombre ou Le Fléau.
Il s’agit donc d’un conte, comportant toutes les caractéristiques du genre ; les deux frères déjà orphelins de mère, la reine  Sasha étant morte en couches, se retrouvent seuls après l’assassinat de leur père dont l’ainé est immédiatement accusé ; les personnages sont relativement stéréotypés, voire manichéens : Peter est un garçon pur et valeureux, qui pourra compter le moment venu sur ses amis Ben Staad, Naomi Reechul et Dennis, prêts à souffrir et à donner leur vie pour l’aider ; Flagg, qui revient de façon cyclique sur terre pour y semer le chaos, incarne le mal absolu ; certains changent de camp lorsqu’ils découvrent qu’on les a délibérément trompés et manipulés, tel le juge Peyna connu pour son intransigeance mise au service de la loi qui, sur la foi des preuves accumulées contre Peter, l’a condamné à moisir dans la tour de l’Aiguille depuis cinq ans.  Quant à Thomas, élevé dans l’ombre de son frère, devenu la marionnette de Flagg, rongé de culpabilité, il suscite la compassion du lecteur qui apprécie sa décision de partir à la poursuite du magicien. Le narrateur intervient à de nombreuses reprises, pour interpeller le lecteur, susciter sa curiosité, anticiper ou moraliser, conférant ainsi à ce récit initiatique des marques d’oralité.

Cité 19 : Ville noire (Tome 1) et Zone blanche (Tome 2) de Stéphane Michaka, PKJ., Pocket Jeunesse, 2015 et 2016

Faustine ne croit pas un instant au suicide de son père, Louis Treussart, le gardien chef du musée d’Orsay, avec lequel elle vit seule depuis la disparition subite douze ans auparavant de Sylvia Sutton, sa mère. Elle se lance dans une enquête personnelle : après avoir agressé un policier qui la harcèle, s’être disputée avec ses amis Vikram et Morgane, elle se réfugie dans le métro où elle aperçoit un homme mystérieux, déjà repéré, qu’elle soupçonne de faire partie d’une secte, les Illuministes, ayant  peut-être enlevé son père ; soudain tout bascule … et elle se réveille au dix-neuvième siècle sous le second empire. La lycéenne de seize ans un peu timide n’est pourtant guère dépaysée dans ce Paris vieux de cent cinquante ans, cette période ne présentant aucun secret pour elle, vu sa passion pour l’histoire. Elle fait la connaissance de plusieurs cousettes dont Manon pour laquelle elle se prend d’affection. Mais un tueur en série sévit dans les rues de Paris, tuant bestialement ses victimes. Faustine réussit à se faire embaucher comme reporter au Petit Journal  devenant Faustin par la même occasion, ce qui lui permettra de continuer à fouiner. Va-t-elle retrouver son père ? Réussir à faire capturer l’assassin ? Les mystérieux « Veilleurs » sont-ils amis ou ennemis ? Et qui est ce Zapruder qui semble surveiller tout le monde ?
Ce roman en deux tomes, à la croisée de nombreux genres (policier, historique et anticipation), mène le lecteur par le bout du nez jusqu’au milieu de la première partie du tome un, opérant un renversement saisissant dont après coup on se remémore quelques indices. Ensuite, les lieux, époques, personnages et points de vue alterneront ; bien que le lecteur en sache parfois davantage que l’héroïne, certaines surprises lui seront encore réservées jusqu’à la fin, même si, échaudé, il devient plus vigilant et anticipe certaines révélations. La fin, très ouverte, permet de penser que l’on pourrait retrouver Faustine … ailleurs !
Une intrigue originale, sans temps mort où l’imaginaire est roi, une héroïne intelligente, de plus en plus déterminée et n’ayant pas froid aux yeux, de multiples rebondissements, faux-semblants et manipulations font de ce récit, dont le style s’apparente volontairement à celui du roman feuilleton, une lecture agréable que l’on pourrait facilement intégrer dans un réseau « Fille ou garçon ? » vu les métamorphoses de Faustine, ou mieux encore, dans celui intitulé « Rêve ou cauchemar ? ». Précisons enfin que Cité 19 a préalablement fait l’objet en 2012 d’un feuilleton radiophonique en cinq épisodes.

Les effets du hasard de Marie Leymarie, Syros, 2016

Maïa vit dans une société très proche de la nôtre, à la différence près qu’elle a été choisie sur catalogue afin de correspondre le mieux possible au rêve de ses parents ayant recouru pour eux-mêmes à une agence qui les a déclarés compatibles à 98 % … Jusqu’à présent, l’adolescente de quinze ne remettait pas vraiment en question cette société, adepte de la procréation artificielle mais qui méprise cependant les donneurs qu’elle rémunère pour sélectionner ensuite les embryons de futurs enfants vendus très cher ; Maïa se rend compte que si elle a les yeux noisette et un QI de 117, c’est parce que les yeux bleus ou verts ainsi que les QI plus élevés sont hors de prix. Elle craint de ne pas donner satisfaction à ses parents, telle son amie Lily qui, malgré un QI de 128, n’est pas heureuse : sa mère la trouve trop grosse et elle déçoit son père, qui travaille dans les laboratoires de l’entreprise « Best Children Ever ». Son malaise s’accroit quand elle découvre que ses parents ont commandé un garçon déjà prénommé Tom ayant QI de 132. Et ce, d’autant plus qu’elle commence à ressentir une émotion nouvelle : elle a rencontré Anthony dont elle est tombée amoureuse. Ses parents lui proposent donc de prendre le remède incontournable de cette « maladie bénigne de l’adolescence » : des comprimés de Deluvio300.
Rédigé à la première personne par Maïa, ce court récit d’anticipation, que j’aurais aimé plus dense et plus approfondi, aborde la question fondamentale de l’amour sous toutes ses formes, les émotions et la souffrance qu’il peut engendrer ainsi que le désir de perfection, forcément illusoire. La vie comporte de multiples risques et surprises, bonnes ou mauvaises, c’est ce qui en fait le prix ! Maïa découvre, d’abord avec effroi et dégout, que certains enfants sont nés naturellement, portés par leur mère et qu’ils vivent avec leurs géniteurs, tels Anthony ou Melody ; ils n’ont pas la vie simple, car  davantage suivis et soumis à une obligation de résultats scolaires par exemple, quand ils ne sont pas ostracisés comme la jeune fille parce que sa mère, Chiara, est « donneuse » ; elle découvre également qu’on peut ne pas porter de bracelet électronique, rendu obligatoire par les assurances, et donc ne pas être pistée en permanence par sa famille ou les autorités ; ébranlée par sa rencontre avec les Idéalistes refusant une société qui, sans être totalitaire, cherche à tout contrôler notamment les émotions (cf. Le Passeur de Loïs Lowry), Maïa s’interroge et se révolte, doute de l’amour que lui portent ceux qui l’élèvent et cherche à rencontrer ses parents biologiques. Au terme d’un cheminement un peu trop rapide à mon gout, elle comprend puis fait comprendre aux siens que rendre un enfant heureux, c’est l’accepter tel qu’il est, que la génétique ne peut pas tout (cf. Bienvenue à Gattaca, le film d’A. Niccol) loin s’en faut, que chaque être sera toujours unique et non programmable.

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) ainsi que des rééditions comportant des modifications

Reem, Leila, Adama … tous Français d’ailleurs. Six histoires d’immigration pour comprendre les débats d’aujourd’hui de Valentine Goby et Ronan Badel, Casterman, 2016

Il s’agit de la réunion de cinq ouvrages déjà parus, plus un inédit qui présente l’histoire de Reem, jeune réfugiée syrienne. J’ai déjà eu l’occasion de présenter, sous forme unitaire, celle d’Adama (Mali 1988) et de Lyuba (Roumanie 2010). On y trouvera en outre celle d’Antonio (Espagne 1936), de Leila (Algérie 1962) et de Thién An (Vietnam 1975). Lectures faciles, essentielles pour aborder le sujet avec les plus jeunes. Pour chaque opus vendu, un euro est reversé au « Réseau Education Sans Frontières » (RESF).

Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll, traduit par H. Parisot, illustré par C. Gastaut, Castor Poche, Flammarion Jeunesse, 2016

Texte intégral d’un classique recommandé au cycle 3.

La Passe-Miroir : les Fiancés de l’hiver de Christelle Dabos, Pôle fiction, Gallimard Jeunesse, 2016. Publié simultanément en Folio

Parution au format poche du tome 1 d’une trilogie dont le deuxième, Les disparus du Clairdelune  est déjà sorti en grand format. Unanimement salué par la critique, ce roman initiatique se déroulant dans un univers d’héroïc fantasy, met en scène le destin d’Ophélie, dont l’apparence peu attirante dissimule certains dons : lire le passé des objets ou traverser les miroirs par exemple. Elle vit sur l’arche d’Anima où règnent magie et absence de hiérarchie ; elle ne peut cependant pas se dérober à la décision des Doyennes : il lui faut partir pour la citacielle, capitale flottante (cf. la couverture du livre) du Pôle, pour épouser Thorn, le surintendant du seigneur Farouk. Débute alors pour cette anti-héroïne nombre d’aventures plus époustouflantes les unes que les autres. Ce récit d’apprentissage débordant d’imagination a remporté le prix du premier roman Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama en 2013 ainsi que plusieurs autres prix.
Je signale au passage que cette année, pour sa deuxième édition, le prix a été remporté par :

Les mystères de Larispem : le sang jamais n’oublie de Lucie Pierrat-Pajot, Gallimard Jeunesse, 2016

Autre auteure, autre monde, « rétro-futuriste » cette fois : en 1899,  Paris, baptisé Larispem, est devenu une Cité-Etat indépendante où les bouchers forment une caste importante depuis que leur ruse et leur courage ont  permis à la Commune de triompher des aristocrates en 1871 ! Carmine l’apprentie louchébem (comprenez « bouchère » en argot de cette corporation), son amie Liberté, mécanicienne, et Nathanaël, orphelin, vont être impliqués dans une aventure qui va les confronter  au pouvoir occulte du sang mis au service de la vengeance.
Un ouvrage original, mi-uchronie, mi-steampunk, sur lequel je reviendrai sans doute prochainement.

Multiversum 3 : Utopia de Léonardo Patriganni, traduit de l’italien par F. Fiore, Pôle fiction, Gallimard jeunesse, 2016 (Tome 1 : Multiversum, tome 2 : Memoria)

Cette trilogie dystopique est donc à présent disponible en poche. Jenny, Alex et Marco effectuent un voyage spatio-temporel dans des univers parallèles en quête de vérité et d’identité.

À noter : l’auteur vient de publier un nouveau roman chez le même éditeur, dans la collection Scripto : Là-bas (traduit de l’italien par N. Nédélec-Courtès). Depuis l’assassinat de sa mère, un an plus tôt, Veronica, effondrée, se débrouille seule comme elle peut et se met à vivre des expériences extrasensorielles.

L’Amour en chaussettes, Gudule, Romans, 2016

Excellente nouvelle : Thierry Magnier réédite sous un nouveau format et une nouvelle couverture ce roman  présenté dans la chronique du n° 46 de Recherches, consacrée au journal intime.

Black Friday de Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Casterman, 2016

La quinzième aventure de Cherub au format poche : attaque terroriste sur le territoire américain et démantèlement du clan Aramov au programme. De plus, les éditions Casterman publient également Les dossiers secrets de Cherub (cf. rubrique « Enfants espions »).

Je signale enfin que l’auteur s’est lancé dans la rédaction d’une nouvelle série située dans un univers très différent : celui de la musique. Rock War (traduit par A. Pinchot, Casterman, 2016) met en scène deux adolescents, Dylan et Jay ainsi qu’une jeune fille, Summer, que l’on suit tour à tour. Issus de milieux très différents, éprouvés chacun à leur manière par la vie, ils ne se connaissent pas mais partagent une même passion pour la musique ou le chant. C’est une émission de téléréalité musicale qui va les réunir, mais ce sera pour le prochain tome !
Après avoir pris le temps de présenter les différents personnages principaux – et secondaires d’ailleurs – dans leur quotidien, l’auteur accélère progressivement le rythme pour terminer en feu d’artifice. Le lecteur s’attache aux personnages, des adolescents d’aujourd’hui, encore très jeunes, mais déjà habités par des rêves ambitieux. Atmosphère parfois déjantée mais roborative ! Une couverture flashy comme vous pourrez le constater …

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Anorexie

Le complexe du papillon d’Annelise Heurtier, Casterman, 2016

Agée de 14 ans, Mathilde Fournier se persuade brutalement qu’elle n’est pas jolie, qu’elle est grosse et qu’il lui reste beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir papillon … Pourtant sportive, elle se trouve affreuse et ne voit que ses grosses cuisses, désespérée lorsqu’elle se trouve boudinée dans une belle robe bleue qu’elle voudrait porter pour le mariage de Prune, la sœur de Louison, sa meilleure amie. Stimulée par la métamorphose spectaculaire de Cézanne, une camarade de classe moquée deux ans plus tôt, qui ressemble à présent au mannequin Cara Delevingne, Mathilde se soumet à un régime draconien, basculant en quelques mois dans l’anorexie mentale.
Bien que très court, le récit rend compte de façon dense, concise, voire poétique, du cheminement d’une adolescente qui, pour de multiples raisons dont aucune n’est privilégiée, cherche à maitriser son corps à défaut du reste de sa vie et en ressent de la toute-puissance. Bouleversée par la mort prématurée de sa grand-mère maternelle, peu encouragée à communiquer avec sa mère, très pudique et surtout convaincue que Jim, objet de son désir, ne fera jamais attention à elle, Mathilde se réfugie dans la maladie sans le reconnaitre. Elle se fâche avec Louison et se coupe des autres, nie la réalité, utilisant les stratagèmes habituels pour s’affamer et éviter les questions embarrassantes. Jusqu’au jour où son corps et son amie la trahissent… Cela permettra à la mère et à la fille de se parler enfin à cœur ouvert, pour l’une d’exprimer enfin ses sentiments, pour l’autre de comprendre que ses parents l’aiment et la soutiennent. Mathilde admet enfin qu’elle doit se soigner et guérir.

Enfant-espion

L’embuscade (Bodyguard, tome 3) de Chris Bradford, traduit de l’anglais par Chloé Petit. Casterman, 2016

Bien qu’il ait promis à sa grand-mère de ne plus prendre de risques, Connor Reeves doit remplacer au pied levé son camarade Marc, opéré d’urgence ; il part donc au Burundi pour une courte mission baptisée « Cœur de Lion », consistant à protéger les deux enfants de Laurent Barbier, un diplomate français. En effet, Ambre, 16 ans, et Henri, 8 ans, vont participer, avec leurs parents et les plus grands dignitaires du pays, à un safari organisé dans le tout nouveau parc national de la Ruvubu que la France a contribué à financer.  Mais évidemment, ce qui s’annonçait comme une mission courte et plutôt attrayante, se transforme rapidement en stage de survie pour les trois adolescents, confrontés à un coup d’état fomenté par un rebelle aguerri. Le général Pascal, surnommé le Mamba noir en raison de sa cruauté, est à la tête d’une armée sanguinaire composée, entre autres, d’enfants soldats embrigadés et conditionnés à tuer. Parmi eux, se trouve « Sans-Merci » qui a oublié jusqu’à son nom ! Livrés à eux-mêmes dans un environnement hostile, traqués par les rebelles, confrontés à des braconniers ou menacés par des animaux sauvages, les adolescents passent leur temps à fuir le danger, heureusement aidés par la petite Zuzu qui connait bien les lieux ; mais peuvent-ils lui faire confiance ? Et Gunner, le ranger qu’ils finissent par retrouver, est-il vraiment de leur côté ? Lequel de ses ministres a trahi le président Bagaza ?
Comme dans les épisodes précédents, le lecteur, à l’instar des personnages, ne connait aucun répit et vit au gré des rebondissements et coups de théâtre. Le récit met bien en valeur la complexité de la situation instable de cette partie de l’Afrique ainsi que le poids d’une corruption généralisée, y compris de la part de personnes que l’on n’aurait pas soupçonnées a priori. Le problème des enfants-soldats m’a semblé particulièrement prégnant et ce troisième opus s’ancre davantage que les précédents dans une réalité contemporaine douloureuse. Connor est de nouveau confronté à l’organisation occulte Equilibrium en la personne de son exécuteur des basses œuvres, M. Grey, dont l’attitude est plus ambigüe que jamais à son égard … Le jeune homme, une nouvelle fois en butte aux avances d’une jeune fille qu’il a protégée et défendue, prend enfin conscience des sentiments éprouvés pour son amie Charley, qui s’apprête à lui raconter pourquoi et comment elle s’est retrouvée en fauteuil roulant. On attend donc impatiemment le quatrième épisode !

Dossiers secrets de Robert Muchamore, traduit de l’anglais et adapté par A. Pinchot, Casterman, 2016

Les agents recrutés par Cherub ont beau posséder de multiples qualités, ils n’en restent pas moins (raisons pour lesquelles on les emploie d’ailleurs …) des adolescents, voire des enfants, facétieux, désobéissants, prêts à commettre les pires bêtises ; on en a déjà eu un aperçu à travers leurs multiples aventures et leur vie au campus. Mais cette fois-ci, l’auteur nous livre les dossiers confidentiels de Zara Asker, la directrice de Cherub. Cette dernière a notamment saisi une publication clandestine, Cherub News (« Faites-moi circuler, mais ne vous faites pas pincer ! » proclame d’emblée la feuille de chou …) dans laquelle, entre autres, les jeunes agents réalisent des interviews et font allusion à leurs missions, leur vie privée ou à des activités illicites menées sur le campus, ce que la direction ne peut tolérer ! Zara envoie donc à ses collaborateurs une série d’extraits sélectionnés parmi les douze éditions connues de ses services, en leur demandant de mettre fin à cette publication. C’est ainsi l’occasion de régaler les fans de récits inédits : première mission de Kerry ou des jumeaux Connor et Callum, conflit  « fratricide » chez les T-shirts rouges ; la deuxième partie du livre contient de nombreuses révélations concernant James, à travers les rapports de fin de mission rédigés sur son compte : analyse de sa personnalité en lien avec l’absence de figure paternelle et, plus audacieux, trois hypothèses sur son devenir.

Un ouvrage soigné qui réjouira les amateurs de la série ainsi que ceux qui apprécient les fac-similés pleins d’humour (Cherub News) ou plus sérieux (courriel ou rapports de Zara Asker).

Rêve ou cauchemar ?

La vie rêvée d’Eve : le choix d’Anna Carey, traduit de l’anglais (États-Unis) par H. Zilberait, Pocket jeunesse, PKJ, 2016

Suite des aventures d’Eve présentées dans le numéro 63. Bien qu’elle ait dû quitter Caleb, blessé, puisque seules les femmes peuvent vivre à Califia, Eve se sent enfin en sécurité et heureuse de retrouver son amie Arden qui a réussi à l’y rejoindre. Mais ce répit sera de courte durée. Elles doivent fuir de nouveau et sont capturées par les soldats du roi. Arden est reconduite à l’école tandis qu’Eve est emmenée à la Cité des Sables où elle découvre ses origines. Mais la gloire ou le mariage forcé avec l’architecte du roi, Charles Harris, n’intéressent pas celle qu’on nomme désormais « princesse Geneviève » : seul Caleb, recherché pour meurtre (celui des deux soldats qu’elle a tués) compte à ses yeux.
Ce deuxième tome se passe essentiellement dans la Cité des sables où le roi met en place La Nouvelle Amérique au prix de nombreux sacrifices et dérapages. Le souverain-dictateur, qui a tout mis en œuvre pour retrouver sa fille naturelle, cherche à amadouer celle-ci : même si Eve constate qu’il peut se montrer sincère et doux parfois, elle fait malheureusement l’expérience de sa détermination face à la résistance qu’il combat sans pitié. Espérant toujours sauver ses amies contraintes de devenir des reproductrices malgré elles, et prête à se sacrifier pour sauver Caleb, la jeune fille, enfin au clair sur ses sentiments, prend des décisions douloureuses et doit finalement s’en remettre au grand chef de la résistance, Moss.
Rebondissements, complots, alliances et trahisons au programme en attendant la suite des événements dans le tome suivant.

N° 64 – AIDER

L’aide est une dimension constitutive du métier d’enseignant : enseigner, c’est aider à apprendre. Pour aider, l’enseignant est tantôt dans l’anticipation, tantôt dans l’immédiateté : en amont du cours, il identifie ce qui peut faire obstacle aux apprentissages et imagine des facilitations ; au quotidien, dans les interactions avec les élèves, il réagit, reconstruit, adapte ses démarches. Mais « aider » est aussi un mot d’ordre institutionnel, qui se traduit par la mise en place de dispositifs multiples dont la pertinence ne va pas de soi. À travers des situations concrètes, les articles parcourent ces différentes dimensions de l’aide, pour comprendre ce qui permet la construction de cette professionnalité et ce qui la freine.

Le numéro est disponible aux Presses Universitaires du Septentrion.

Sommaire

La prescription institutionnelle de l’aide : mots d’ordre et désordres / Marie-Michèle Cauterman, Bertrand Daunay  7


La prescription institutionnelle de l’aide en fiches / La rédaction 25


Aider : récit d’une journée ordinaire / Stéphanie Michieletto-Vanlancker 43


Quelles médiations pour accompagner la construction de la littéracie en première année d’université ? / Catherine Frier, Isabelle Estève, Alain Chartier 53


Les ressources numériques et la littérature en classe : entre ambitions présomptueuses et adaptation aux besoins / Magali Brunel, François Quet 83


De l’aide spécialisée… pour tous / Sophie Dziombowski 95


Aider les élèves de GS  ou de CP  à comprendre des histoires, oui mais comment ? / Marie-France Bishop, Véronique Boiron 107


Aider des lecteurs débutants à la lecture collective d’un album / Michèle Lusetti 121


« En fait, vous voulez nous aider ? » / Olivier Markwitz 155


Aider les enseignants à cerner les besoins grammaticaux des élèves : le projet Scolagram / Jean-Pierre Sautot 173


Des vertus de l’écart / Malik Habi 183


Des nouvelles du livre pour la jeunesse : encore adolescents, déjà parents… / Élizabeth Vlieghe 205

Éditorial

Six ans ont passé depuis le n° 52 Programmes, programmations et sa jungle des dispositifs. À l’époque, la rédaction avait tenté de se frayer un chemin parmi les textes règlementaires présentant l’aide personnalisée, le DRE, l’école ouverte, l’ENT, le PPRE… Au moment de préparer le présent numéro, la question des dispositifs institutionnels s’est posée de nouveau car nombre d’entre eux ont pour vocation d’aider les élèves. La plupart existent toujours, d’autres sont apparus, renforçant l’injonction déjà forte d’une prise en charge de plus en plus personnalisée et externalisée des handicaps et/ou des difficultés dans une logique de surenchère teintée de libéralisme. Ces dispositifs peuvent constituer de véritables aides mais à condition […]

Ce que Le Café Pédagogique dit de ce numéro dans son Expresso du 11 juillet 2016…

 

 

 

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Automne-hiver 2015

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Adama ou la vie en 3 D, Du Mali à Saint-Denis de Valentine Goby, illustrations d’O. Tallec. Français d’ailleurs, Casterman, 2015. (Format poche).

Même si cette fiction-documentaire située en 1988, a été rédigée il y a quelques années déjà, elle n’en reste pas moins d’une actualité brulante. Adama commence à s’interroger sur sa culture d’origine lorsque qu’un musicien malien ami, Ibrahima, est arrêté par la police pour être expulsé. Né en France, vivant dans la cité Louise Michel à Saint-Denis, ce collégien passionné de musique se demande alors pourquoi tant de Maliens quittent leur pays pour venir s’entasser en banlieue parisienne. Très impliqué dans les actions associatives, y compris à Kayes, sa ville d’origine, son père lui propose de l’accompagner pour l’inauguration d’une école qu’il a contribué à financer. Ce sera l’occasion pour Adama de découvrir ses racines, de mieux se connaitre et de comprendre les motivations des candidats à l’immigration. Dossier, réactualisé, en fin d’ouvrage.

Petites histoires de mots venus du grec de Brigitte Heller, Flammarion jeunesse, 2015.

Pour tout savoir sur l’origine de mots connus (ou moins…) derrière lesquels se cachent des aventures fabuleuses ou des personnages mythiques. De « Atlas » à « Zodiaque », sous forme d’abécédaire, un ouvrage très pédagogique, à petit prix.

Vivre ensemble : 25 questions autour de la citoyenneté de Nicolas Rousseau, Premiers Castor Doc, Flammarion, 2015.

C’est quoi une république ? Un enfant a-t-il des droits ? C’est quoi la laïcité ? Pourquoi s’attaque-t-on aux religions ? Hommes et femmes sont-ils égaux ? Voilà quelques exemples parmi les vingt-cinq questions, organisées en cinq chapitres, reprenant celles que les enfants posent souvent, sans qu’il soit parfois très facile de leur répondre clairement et simplement. Chaque notion fait l’objet d’une double page, certes succincte, puisqu’on s’adresse à des enfants du primaire, mais visant l’essentiel et incitant au débat.

« Coups de cœur » ACTUALITÉ

Les sœurs Ramdam de Françoise de Guibert, illustrations de R. Badel, album, Thierry Magnier, 2015.

Ne charme pas les oreilles du public de Quietcity qui veut ! Thelma et Louise, les sœurs Ramdam l’apprennent à leurs dépens : personne ne supporte les notes émises par le violon et la flute des demoiselles, pas plus leurs parents qui les chassent de la cabane en rondins ou l’institutrice qui préfère passer d’urgence aux mathématiques, que les nouveaux colons qu’elles font fuir et leur « ramdam » indispose même les prédateurs du coin, humains ou animaux… Mais le facétieux Oumpapoose pense se mettre en valeur en les capturant. C’est oublier le « talent musical » des deux visages pâles que leurs ravisseurs auront bien de la peine à supporter ! Troisième opus (après Billy le môme en 2011 et Oumpapoose cherche la bagarre en 2013) d’une série humoristique autour du Far-West destinée aux plus jeunes, à laquelle les dessins couleur sépia confèrent charme et drôlerie.

La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux de Sabine Panet et Pauline Penot, Thierry Magnier, 2015.

Les deux auteures ont renouvelé leur complicité créatrice pour donner une suite aux aventures de la famille Bocoum (cf. Le cœur n’est pas un genou que l’on peut plier, 2012, présenté dans le numéro 59 de Recherches, p. 186). Ce deuxième tome débute au Sénégal où toute la famille (sauf Awa dont je rappelle qu’elle a échappé de peu à un mariage forcé) s’est rendue pour les vacances, occasion pour tous de se confronter aux traditions. Sur les conseils de Flore, la mère d’Agathe, Awa se rend au planning familial en raison de douleurs récurrentes. Elle découvre avec stupeur et colère qu’elle a été excisée. Persuadée que pour Ernestine, il est déjà trop tard, elle met tout en œuvre pour éviter cette mutilation à sa petite sœur Amayel, avec l’aide de la gynécologue Esther Fellmann et de son collègue de la PMI François Cabano. Elle se confie de nouveau à sa tante Dado, laquelle file le parfait amour avec Marcel Mérindol, sans imaginer à quel point les parents de son amoureux sont racistes. De son côté, Ernestine, toujours habitée par sa vocation d’actrice, court les castings mais se heurte aux préjugés des cinéastes quant aux rôles qui lui conviendraient. Enfin, Aminata s’épanouit dans une activité de confection de repas exotiques qui pourrait bien se développer. Mais tout se précipite lorsque la grand-mère Nawdé débarque en France pour une opération.
Même si les romancières distillent de nouveau optimisme et humour, le sujet ne peut se traiter avec la même légèreté que le précédent, d’où, je pense, un mélange de ton par rapport au premier tome ; confrontée à une découverte qui la bouleverse, Awa se révolte et, n’osant aborder de front le sujet avec sa mère, s’en prend à Dado. Épaulée par des adultes extérieurs à la famille, elle est prête à collaborer avec la police pour démanteler le réseau des « exciseuses maliennes ». Elle va néanmoins s’apercevoir que les choses sont plus compliquées qu’elle ne l’imaginait ; ayant subi le poids des traditions, Nawdé, Aminata et Dado ont accompli une révolution silencieuse : Awa ne doit cette mutilation qu’à son statut d’ainée. C’est ce que lui expliquera sa mère dans une très belle scène qui restitue son histoire à sa fille. Le grand mérite de ce livre est d’aborder sans fard un problème difficile et douloureux lié à la culture et aux traditions d’un peuple, qu’il serait ridicule de juger et condamner sans essayer au moins d’en comprendre les fondements, même s’il n’est pas question d’approuver ni de laisser faire. On notera d’ailleurs que si la culture africaine recontextualisée est au centre de l’intrigue, la religion et la culture juives sont également passées au crible à travers les personnages de Jacob qui se demande bien pourquoi il ferait sa Bar-Mitsva alors qu’il n’est pas croyant, du rabbin Daniel Libermann sidéré par la maturité de cet adolescent de 13 ans dont il accueille les interrogations avec bienveillance, ou le réalisateur Arié Zélikine remaniant son scénario pour pouvoir proposer un rôle à Ernestine. Et, clin d’œil final, c’est à Khalidou, singulièrement absent de toutes les péripéties qui ont précédé, qu’il appartiendra d’annoncer cette bonne nouvelle à la future comédienne…

Douze ans, sept mois et onze jours de Lorris Murail, Pocket Jeunesse, PKJ, 2015.

Vous voulez endurcir votre empoté de fils, nul au baseball ? Faites comme Jack Stephenson : allez le conduire dans une forêt du Maine et abandonnez-le dans une cabane, non sans lui avoir laissé une carabine, une batte de baseball, des allumettes, quelques conserves, deux « manuels » de survie et un pigeon voyageur… Puis recommandez-lui de ne pas quitter un périmètre précis. Walden, douze ans sept mois et trois jours, déjà abandonné par sa mère partie au Pérou, croit tout d’abord que son père lui fait une mauvaise blague, qu’il est resté à proximité pour l’observer mais doit se rendre à l’évidence : il est seul et va devoir se débrouiller ! Certes naïf et peu sportif, le jeune garçon est cependant intelligent, logique, et malgré une grande incompréhension face à l’attitude de son père, il cherche à se montrer digne de son amour et organise sa survie ; contre toute attente, l’adolescent n’est pas aussi seul qu’il pourrait le croire. Toute la première partie du roman est focalisée sur le jeune robinson, soutenu par la lecture et l’utilisation des deux romans de Thoreau laissés par son père. Le lecteur pense ainsi qu’il s’agit d’un roman initiatique : un père peu sympathique uniquement passionné de sport et de voitures (il possède une Chevrolet Impala SS 1995 rouge cerise à laquelle il tient énormément) tente de faire de son fils un homme. Mais ce que le prologue laissait deviner se confirme durant la deuxième partie centrée sur Jack qui, détenant un lourd secret, n’a pas forcément fait preuve de clairvoyance par rapport à son fils. Le rythme s’accélère et le suspense change de dimension. Des clins d’œil en direction de Stephen King, un final digne d’un film d’action, une réflexion sur les rapports intergénérationnels et les rapports humains, des passages sombres et violents, même si l’auteur termine sur une note humoristique, font de ce récit un livre surprenant.

Afterworlds de Scott Westerfeld, traduit de l’anglais (États-Unis) par G. Fournier, Pocket Jeunesse PKJ, 2015.

L’auteur, déjà évoqué à propos des réseaux « Dictature de la beauté » et « Filles déguisées en garçons », livre cette fois-ci un ouvrage original du style « deux en un ». En effet, grâce à une subtile mise en abyme, le romancier alterne deux récits, tous deux fictifs bien sûr, mais dont l’un est censé être la réécriture du roman qu’une jeune lycéenne de 17 ans va bientôt publier. Chaque chapitre alterne donc le « conte de fée » vécu par Darcy Patel, d’origine indienne, qui arrive éblouie à New York, et le cauchemar de l’héroïne de son livre, Lizzie, seule survivante d’une tuerie qui s’est déroulée à l’aéroport de Dallas. Grâce à un basculement dans « l’envers du décor », sorte d’expérience de mort imminente, elle échappe à la tuerie et rencontre Yamaraj, un jeune homme vieux de plusieurs milliers d’années : comme elle en a fait elle aussi l’expérience, il est passé volontairement du côté des morts afin de les protéger car ces fantômes « survivent » grâce aux souvenirs des vivants. Nous suivons donc deux histoires en parallèle, sachant qu’elles ont des liens dans la mesure où Darcy s’interroge constamment sur ce qu’est l’écriture, le talent, et connait les affres de la page blanche : elle a rédigé son roman en à peine un mois et son éditrice lui offre un pont d’or pour sa publication ainsi que celle d’une suite, mais lui demande des remaniements notamment concernant la fin. Outre l’évolution psychologique de Darcy qui quitte sa famille et tombe amoureuse d’une autre écrivaine, Imogen Grey, c’est l’univers du petit monde newyorkais de l’édition qui retiendra l’attention : nul doute que l’auteur, qui le connait bien, n’y ait mis une certaine ironie, reste à savoir si elle sera perçue par tous les lecteurs. Il s’agit donc d’une réflexion intéressante sur l’inspiration et la manière dont les écrivains recomposent la réalité, s’inspirent d’elle, de leur vécu pour écrire : entre Darcy puisant dans la culture religieuse hindoue ou dans ce qu’elle croit être le passé de sa mère, piquant des idées de scène à sa copine ou recyclant ses lectures (on écrit toujours sur du déjà écrit) et Imogen prenant des notes sur tout ce qu’elle voit, entend, collectionnant des tas d’objets ou de noms qui pourraient servir, mettant en scène des éléments de son passé ou se faisant enfermer dans un coffre de voiture pour mieux écrire la première scène de son roman, l’auteur, mine de rien, livre quelques secrets au lecteur : celui-ci en verra l’application directe ou recomposée dans la prose de Darcy, voire celle d’Imogen dont il nous livre également le début de la trilogie. De nombreux personnages secondaires, famille et amis de Darcy mais également éditeurs, critiques, écrivains confirmés ou débutants donnent de l’épaisseur au récit matriciel ; du côté du roman de l’héroïne qui se réécrit sous nos yeux, on retiendra l’aspect fantastique lié au statut particulier de Lizzie et de Yama, leur attirance mutuelle, la présence des fantômes, le passage d’un monde à un autre, la détermination de l’héroïne à supprimer un tueur en série, ses relations avec ses parents, divorcés, bref les ingrédients habituels de la « young littérature ». L’auteur se paie même le luxe de faire critiquer par Lizzie (personnage de Darcy auteure) le terme de « psychopompe » qui désigne son pouvoir, le trouvant laid alors que l’auteure en est très satisfaite ; elle en trouvera d’ailleurs un autre « brillants » proposé par un autre personnage, jugé bien meilleur ! On se saurait mieux illustrer, je pense, le processus de mise en abyme.

#scandale de Sarah Ockler. Traduit de l’anglais (États-Unis) par A. Guitton. Nathan. 2015.

La narratrice, ado atypique de 17 ans qui préfère dégommer les zombies plutôt que de se pomponner, accepte d’accompagner le petit copain de sa meilleure amie au bal du lycée. Secrètement amoureuse de Cole depuis quatre ans, Lucy l’embrasse et dort dans le même lit que lui. Mais ces scènes, ainsi que d’autres qui compromettent tous leurs amis, sont photographiées à leur insu avec le téléphone, volé, de la jeune fille, puis publiées sur son compte Facebook. Commence alors pour celle-ci un long calvaire : tout le lycée la déteste, Ellie ne lui parle plus, et une page « Bad Lucy » est créée. Même si elle se reproche d’avoir mal agi en écoutant ses sentiments, Lucy se sait innocente des méfaits dont on l’accuse et ne sait comment prouver sa bonne foi. Aidée de quelques élèves, elle mène l’enquête pour découvrir la vérité.
Même si le style ne m’a pas enthousiasmée, ce récit me semble intéressant par le sujet qu’il aborde, à savoir l’impact des réseaux sociaux sur les adolescents et les dérives inévitables. Traité sur le mode de l’humour et de la comédie, l’intrigue n’échappe pas à la caricature parfois : la grande sœur star, la principale Madame Zeff qui surfe sur sa page Facebook devant Lucy, l’attitude du groupe « anti nouvelles technologies » baptisé S@tan… En revanche, les interventions de Lady Blabla m’ont beaucoup plu, leur ton est plaisant, juste et, quand on sait qui se cache derrière le personnage, l’histoire prend tout son sens. Mais l’auteure n’exploite pas tous les aspects de son intrigue et m’a donné l’impression d’hésiter entre plusieurs tons, d’où mon malaise sans doute.

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Folio Junior en VO

Gallimard Jeunesse lance les « Folio Junior en VO » qui proposent des textes courts et accessibles, en version originale, à destination des collégiens et lycéens. Des notes au fil du texte traduisent les mots difficiles ; l’auteur ainsi que thème abordé sont présentés à la fin de l’ouvrage.

Citons par exemple :

Lamb to the slaughter and other stories de Roal Dahl, Folio Junior Version Originale, 2015.

Ce recueil comprend quatre nouvelles, dont deux au moins ont déjà été largement exploitées par les pédagogues : Coup de gigot qui lui donne son titre, déjà traduite chez Folio Junior, est publiée chez Folio (Bizarre ! Bizarre ! 1962). Les trois autres, The way up to heaven, William and Mary ainsi que The Landlady (vous savez, cette adorable logeuse…) se trouvent dans un autre recueil de chez Folio Gallimard, ayant pour titre Kiss Kiss (1962).

The Mozart question de Michael Morpurgo, illustré par M. Foreman, Folio Junior Version Originale, 2015.

Plus jamais Mozart, déjà publié sous forme d’album junior, narre l’histoire du violoniste Paolo Lévi avec lequel Lesley, journaliste débutant, s’entretient à Venise. Le musicien, hanté par son passé, finira par s’en libérer en livrant l’histoire douloureuse vécue par ses parents dans les camps d’extermination.

Des parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) ainsi que des rééditions comportant des modifications

L’histoire de Malala (cf. n° 61) ; Vango, Timothée de Fombelle, Folio Junior, Gallimard, 2015.

Ici et maintenant, A. Brasharès ; Le château de Cassandra, Dodie Smith (cf. n° 46) ; Animale : La malédiction de Boucle d’or, Victor Dixen ; Cœurs brisés, têtes coupées, R. Schneider, Pôle Fiction, Gallimard, 2015.

Le journal d’une déesse, T. Buongiorno, Flammarion Jeunesse, 2015. Accompagné d’un cahier spécial (jeux et exercices + corrigés) pour aller plus loin.

Des nouvelles des réseaux déjà présentés

Fille déguisée en garçon

Deux sœurs un destin : La Trahison et Le Guet-apens de Maya Snow, traduit de l’anglais par Alice Marchand, Flammarion Jeunesse, 2014.

Réédition au format poche, chez le même éditeur, d’une tétralogie intitulée Les Filles du Samouraï (2009). Pour échapper à leur oncle Hidehira qui vient d’assassiner leur père et leurs deux frères, Kimi et Hana, filles du Jito Yoshijiro (gouverneur de province) se déguisent en garçons et se cachent dans le dojo dirigé par le célèbre Maitre Goku où sont formés les futurs samouraïs. Bien résolues à venger l’honneur de leur famille, elles y perfectionnent l’art du combat tout en cherchant à retrouver leur mère et leur petit frère, Moriyasu, qui ont disparu lors du massacre de la maisonnée Yamamoto. Obligées de se déguiser et d’oublier leur condition privilégiée, les deux jeunes filles, aidées de leur ami Tatsuya, devront faire preuve de beaucoup de courage et d’astuce, au cours de nombreuses pérégrinations et de maints combats, avant d’espérer ranger leur épée…

Racontées au présent et à la première personne par Kimi, alias Kagenashi, les aventures trépidantes et bien documentées des deux sœurs, se déroulant dans le Japon féodal du 13e siècle, raviront les amateurs de combats martiaux et de culture nipponne. Deux jeunes filles de bonne famille, éduquées dans la tradition et destinées à servir le thé mais qu’un père avisé avait néanmoins initiées au combat, réalisent ainsi, dans l’adversité, contraintes et forcées, un rêve qu’elles pensaient inaccessible vu leur sexe.

Chine

Contes et légendes de Chine de Janine Hiu, illustrations de Boll, Nathan, 2015.

On ne présente plus cette collection (dont les couvertures sont illustrées par François Roca depuis plusieurs années) qui, comme son intitulé l’indique, fait la part belle aux récits issus de maintes cultures, civilisations, régions du monde entier. Parmi les milliers d’histoires liées à une civilisation millénaire, l’auteure en a sélectionné et adapté 14 représentatives à ses yeux de la diversité d’une culture encore largement méconnue des occidentaux. Qu’il s’agisse de récits fondateurs (rôle du géant Pan Gu dans la création du monde ou de la déesse Nü Wa dans celle des hommes), de contes étiologiques (explications de l’origine de la soie ou du calendrier chinois), d’histoires d’amour fou et a priori impossibles entre des êtres de nature différente, inquiétantes voire surnaturelles (peinture qui s’anime) ou humoristiques (un crapaud tenant en respect un tigre), sans oublier celles qui mettent en scène le dragon, animal fabuleux si important dans la culture chinoise, tous ces contes contribueront sans aucun doute à donner l’envie d’approfondir la connaissance d’un folklore riche et foisonnant.

Le Tangram magique : L’Énigme des pivoines, L’Énigme du pékinois, L’Énigme du sceau de jade et L’Énigme du perroquet bleu, de Florence Lamy, illustrations d’A. Laprun, Casterman, 2014-2015.

Ces quatre aventures de la jeune Li-Na se déroulent dans la chine ancienne. La première débute lorsque la jeune orpheline recueillie et élevée par Grand-mère Dong reçoit pour ses dix ans un tangram de la part de l’apothicaire M. Zhou ; elle découvre alors les pouvoirs magiques du carré d’ébène. Grâce à celui-ci et à son ami Cheng, le vendeur de thé, elle réussira à retrouver le tableau dérobé à Madame Lo.

Rédigée au présent et mettant en scène certains personnages récurrents dont l’héroïne et son ami, chaque histoire, facile à lire, tend vers la résolution d’une énigme, tout en mettant en valeur différentes facettes de la vie chinoise de l’époque. Il s’agit également d’une quête initiatique car, comme elle l’indique à la fin du premier opus, Li-Na espère que l’objet magique l’aidera à retrouver ses parents. Chaque ouvrage offre un tangram magnétique de couleur différente qui permet de réaliser les figures évoquées dans l’intrigue, dont les solutions sont données à la fin.

Enfant-espion

La Rançon (Bodyguard, tome 2) de Chris Bradford, traduit de l’anglais par Chloé Petit. Casterman, 2015.

Après avoir protégé et sauvé la fille du président américain, Connor Reeves, remis de ses blessures, a retrouvé son unité secrète, ses amis ainsi que l’entrainement. Même s’il est persuadé n’avoir dû ses exploits qu’à la chance, Connor est de nouveau choisi pour accomplir une autre mission, avec une partenaire cette fois-ci : la redoutable Ling, championne d’arts martiaux et teigneuse à souhait. Les deux adolescents sont chargés de protéger Emily et Chloé, deux jumelles, filles du milliardaire australien Maddox Sterling, à la tête d’un empire médiatique. Emily ayant déjà été enlevée, celui-ci ne veut prendre aucun risque lors de leurs vacances aux Maldives à bord d’un luxueux yacht. Commencée sous les meilleurs auspices, la croisière vire au drame lorsque des pirates attaquent le bateau, font des victimes et prennent les jeunes filles ainsi que leur future belle-mère en otage. Ils exigent une rançon exorbitante, que Sterling rechigne à payer ! Mais là n’est pas le problème car derrière les pirates se cache un mystérieux commanditaire bien plus dangereux qu’eux ; l’organisation occulte Equilibrium et son exécuteur de basses œuvres, M. Grey, ne reculent devant rien en effet pour atteindre leurs objectifs. Une fois encore, Connor, resté seul après le renvoi de Ling, devra déployer force, courage et ruse pour protéger les jumelles, pas toujours coopératives, pourtant menacées de plusieurs côtés à la fois. Nombreux rebondissements et retournements de situation.

Grande guerre

Le mystère de Lucy Lost de Michael Morpurgo, traduit de l’anglais par D. Ménard, Gallimard Jeunesse, 2015.

Les opinions pacifistes de l’auteur sont connues et voici une nouvelle occasion pour lui de les affirmer. En mai 2015, Alfie et son père Jim vont pêcher le maquereau près de St Helen’s, un ilot inhabité de l’archipel des Scilly où ils vivent : ils y découvrent une jeune fille d’une douzaine d’années, blessée, à moitié morte de faim et de soif. Celle qui sera baptisée « Lucy Lost » partage dès lors la vie de la famille Weathcraft qui prend soin d’elle tout en essayant de découvrir qui elle est, d’où elle vient. Amnésique et muette, Lucy retrouve petit à petit le gout de vivre grâce à leur amour et à l’acharnement de Mary qui la considère comme sa fille, tandis qu’Alfie et elle deviennent de plus en plus proches. Elle se laisse ainsi progressivement apprivoiser par le phonographe, le piano dont elle joue, Peg la jument qu’elle chevauche puis accepte finalement de fréquenter l’école… Le docteur Crow et l’institutrice Mlle Nightingale veillent également sur elle, notamment quand elle est aux prises avec l’horrible instituteur Beagley ou avec la population bientôt persuadée, au vu de quelques indices, qu’elle est allemande. En effet la guerre et son lot d’atrocités, telles les soldats tués ou mutilés à l’instar du jeune Jack Brody, le naufrage du Lusitania et ses milliers de morts, avivent les rancœurs et la méfiance chez des habitants pourtant réputés ouverts et généreux : ils l’ont en effet prouvé en 1875 en sauvant les marins allemands du « Schiller » et plus récemment les naufragés du Lusitania et le prouveront encore en se mobilisant pour rechercher Billy, l’oncle d’Alfie parti sur son bateau, même si tous le trouvent « bizarre ». L’auteur marie, comme souvent il aime à le faire, les points de vue en alternant les récits : encadrement de l’histoire par l’intervention (« Pour commencer » et « Pour finir ») d’un narrateur à la première personne censé être le petit fils de « Lucy » (à ne pas confondre avec l’auteur !), récit principal à la troisième personne, entrecoupé de celui à la première personne de la jeune américaine Merry embarquant avec sa mère sur le Lustania afin de retrouver son père blessé et hospitalisé près de Londres et qui luttera avec courage pour sa survie ; d’autres passages à la première personne : extraits du journal du docteur Crow, extraits du registre scolaire de M. Beagley et enregistrement de la grand-mère du narrateur à New York, viennent compléter l’intrigue qui pourrait donc ainsi figurer également dans un réseau « Narration complexe ». L’histoire de l’héroïne se présente ainsi comme un puzzle que le lecteur reconstitue plus vite que les personnages, le suspense résidant davantage dans la tournure que vont prendre les événements : Lucy va-t-elle retrouver la mémoire, va-t-on l’épargner ? En bon magicien, l’auteur va jeter des Allemands naufragés, sauvés par Billy, sur les rives des Scilly dont l’un, Wilhelm Kreuz, appartient à l’équipage du U-boot qui a repêché Merry avant de la déposer sur St Helen’s. Le choc fait retrouver la parole et la mémoire à la jeune fille qui peut enfin remercier Wilhelm et raconter son histoire. Grâce aux recherches du docteur Crow, elle retrouve son père, qui, tout comme Alfie, survivra à la guerre. Elle reste tout d’abord à Bryher afin d’épouser Alfie mais ils finiront par rejoindre New York.
Il s’agit donc d’un récit émouvant, basé sur des faits historiques ; même si la guerre n’est pas au centre, c’est elle qui entraine les personnages dans la tourmente et modifie leur destin. Même si elle contraint les hommes à se battre et à se haïr, leur compassion et leur humanité prend parfois le pas sur leur « devoir ». Comme toujours l’auteur s’est documenté et quelques précisions sont données en fin d’ouvrage, notamment sur le naufrage du Lusitania et le dévouement des habitants de Kinsale tentant de porter secours aux survivants : les sauveteurs auraient aperçu le piano du paquebot sur lequel était allongée une petite fille. Il n’en fallait pas plus au romancier pour reconstituer le destin de cette fillette.

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Printemps-été 2015

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Petites histoires des noms de rue de Thierry Delahaye, Flammarion Jeunesse, 2015. (Format poche).

Pour découvrir qui se cache derrière ces noms de rues au gré des promenades de Louis, douze ans, et de son Papi Stefanos. Bien connus des jeunes ou plus confidentiels, tous ces personnages revivent grâce à l’érudition du grand-père qui conte leurs exploits ou aventures à Louis. On apprend au passage comment les noms sont donnés, pourquoi et par qui ; intéressant à savoir en cette période où certaines municipalités débaptisent certaines rues dont les noms ne « leur reviennent pas » ! On remarquera également que la parité hommes-femmes est loin d’être une réalité même si à Paris (200 noms de femmes pour 6000 voies…), des efforts sont fournis pour féminiser les plaques !

« Coups de cœur » ACTUALITÉ

Une histoire à toutes les sauces de Gilles Barraqué, illustrée par G. Dorémus, Nathan, 2014. (Format poche).

L’hommage aux Exercices de style de R. Queneau figure en tête d’ouvrage et l’on se régale à la lecture de cette histoire, mise à soixante sauces, de chat essayant d’attraper un oiseau mais tombe à l’eau, racontée par une mère à sa fille qui hurle de rire… Tous les jeux sur les mots, la polysémie, les sonorités, les accents, les formes littéraires, etc. sont permis. Un ouvrage que ne renierait sans doute pas Yak Rivais et dont les enseignants feront leurs choux gras !

Tonton Zéro chouchou de la télé de Roland Fuentès, Mini Syros Roman, Syros, 2015.

Ludovic Lheureux alias Tonton Zéro s’est mis en tête de devenir le « chouchou » du public en participant au célèbre jeu du même nom, animé par Adrian Legendre-Parfait et entrecoupé de maintes annonces publicitaires. Contre toute attente, Tonton Zéro détrône Robert Patoulachet, tenant du titre depuis huit semaines. Les candidats étant choisis selon leur personnalité (comprenez selon leur démarche, leur manière de manger un œuf, de boire un verre d’eau ou de répondre aux questions …), la maladresse et les bévues de Ludo ont conquis le public qui l’a élu à l’unanimité ! C’est la célébrité : Tonton fait la une des journaux et squatte les plateaux de télévision jusqu’à ce que le public se lasse évidemment, le remplaçant par une autre figure : exit la popularité, il redevient anonyme et se remet à jouer au tennis plutôt que de s’affaler devant son poste.
Rémi, le neveu, est le narrateur de ce récit parodique très court, se gaussant des émissions de jeu et de télé-réalité, mettant en valeur l’illusion d’une gloire fabriquée et éphémère. Les deux personnages ont déjà été mis en scène dans d’autres opus.

54 contes des sagesses du monde entier de Jean Muzi, illustrations de F. Sochard, Flammarion Jeunesse, 2015. (Format poche).

Spécialiste de contes traditionnels, l’auteur livre ici un nouveau recueil au sein duquel se côtoient toutes les cultures, qui toutes recèlent des trésors de sagesse. Indispensable pour qui veut prôner la tolérance et le respect d’autrui, de ses traditions et de sa religion.

Le Secret d’Orbæ de François Place, Casterman Poche, 2015.

On ne présente plus l’auteur-illustrateur de ces magnifiques albums qui font rêver jeunes et moins jeunes grâce à ces pays si intensément imaginés qu’ils en deviennent réels à leurs yeux ; Les Derniers Géants (1992) restera à jamais un pur moment d’émotion pour moi ; de nombreux autres chefs d’œuvre ont vu le jour depuis dont L’Atlas des géographes d’Orbæ complété par Le Secret d’Orbæ comprenant deux volumes agrémentés d’un portfolio de dix-huit illustrations originales (2011). Casterman propose à présent les deux histoires parallèles de Cornélius et de Ziyara, qui, partis chacun de leur côté se rencontreront, s’aimeront et chercheront ensemble le merveilleux pays d’Orbæ. Un très beau texte mis à la portée de tous, malheureusement amputé de ses illustrations, ce qui se justifie évidemment par la modicité du prix.

À toute épreuve de Harlan Coben, traduit de l’anglais (États-Unis) par C. Arnaud, Pocket Jeunesse, 2014.

Ce troisième opus des aventures de Mickey Bolitar, tout en confrontant le héros à de nouvelles intrigues, poursuit la quête du personnage quant à la disparition de son père. Alors que l’ouverture du cercueil révèle que ce dernier a été incinéré avec l’accord de sa femme, Mickey bouleversé trouve un dérivatif en essayant d’aider Ema à rechercher son petit ami virtuel, Jared Lowell, qui ne s’est pas présenté au rendez-vous qu’ils se sont fixé. Essayant toujours de se faire reconnaitre et d’être réellement intégré à son équipe de basket, il est également confronté à la disparition de deux joueurs vedette. Aidé de Spoon, toujours cloué sur son lit d’hôpital, et de Rachel dont il a reconquis l’amitié, Mickey retrouve Jared et découvre qui se cachait derrière celui-ci ; les quatre amis dénouent également les fils d’une sombre histoire de dopage, tandis que Mickey, malgré les réticences des membres d’Abeona, cerne davantage le passé de ses parents, ce qui le mènera à la vérité quant à la disparition de son père.
Une intrigue aux multiples rebondissements, au cours de laquelle les personnages progressent dans la connaissance d’eux-mêmes et de l’âme humaine parfois bien retorse. Mickey, fan de basket, découvre à cette occasion que sport et dopage font bon ménage.
Les deux tomes précédents existent déjà au format poche chez Pocket.

Retrouvailles à Versailles d’Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion, 2015.

A l’occasion de la sortie du quatorzième et dernier tome des « Colombes du Roi-Soleil », Flammarion publie une édition limitée dédicacée par l’auteur. C’est la fin d’une aventure qui aura duré dix ans : le mariage de l’une d’entre elles, Louise, est l’occasion de réunir les amies de Saint-Cyr et de connaitre encore de nombreuses émotions. Cet ouvrage ravira tou(te)s les passionné(e)s du Grand Siècle ; un site dédié entretient la flamme ; déjà onze tomes parus au format poche (les tomes 1 et 9 ont été présentés dans le numéro 52 de Recherches).

Quatre filles et un jean pour toujours d’Ann Brashares, Pôle Fiction, Gallimard, 2014.

Autres retrouvailles, celles de Tibby, Lena, Carmen et Bridget, les héroïnes de la série Quatre filles et un jean (4 tomes). Les années ont passé : les filles, devenues adultes, sont confrontées aux aléas de la vie professionnelle, amoureuse et familiale pour certaines. Leur amitié perdure, aussi se réjouissent-elles lorsque Tibby qui vit à présent en Australie leur envoie des billets d’avion pour des retrouvailles en Grèce. Elles ignorent à quel point le rendez-vous sera différent de ce qu’elles avaient imaginé ni combien leur vie en sera chamboulée à jamais. Dix ans après Le dernier été, l’auteure confronte ses personnages aux grandes questions de la vie, sans céder à la facilité.

Quelques nouveautés
du côté des éditeurs et des collections

Gallimard Jeunesse rénove sa collection « Des enfants comme moi » en publiant (2015) trois tomes documentaires, rééditions de titres plus anciens : Fêtes autour du monde de B. et A. Kindersley, Écoles autour du monde (Collectif) et Religions autour du monde de Laura Buller, ce dernier titre étant particulièrement intéressant vu l’abondance de conflits religieux dans le monde actuel. Chaque double page, consacrée à un thème, un point ou un pays particuliers, est abondamment illustrée de photos, dessins, cartes, croquis, entrecoupés par le témoignage d’enfants du monde entier et des explications concrètes sous forme de reportages.

Nathan de son côté inaugure en 2015 une nouvelle collection « Petites histoires de l’HISTOIRE », petits ouvrages de 64 pages au prix de 4,95 euros, rédigés par Hélène Montardre et illustrés par C. Chapron, destinés, selon les termes de l’éditeur, à « vivre l’Histoire comme une aventure ». Quatre titres parus ou à paraitre pour l’instant : Vercingétorix contre Jules César, La prise de la Bastille, Le voyage de Christophe Colomb et Catastrophe à Pompéi mettent en scène un jeune héros dans chaque contexte historique précis. Facile et agréable à lire.

En écho de la chronique du numéro 62 « RÊVE OU CAUCHEMAR ? » : pour rêver (ou cauchemarder) encore un peu d’ici quelques mois…

Mauvais rêve, Christian Léourier, Autres Mondes, Mango, 2006.
Aussi libres qu’un rêve, de Manon Fargetton, Autres Mondes, Mango, 2006.
Dans tes rêves, de Johan Héliot, Ragot Thriller, 2013.
La cité de l’ombre et Le peuple d’en haut, Jeanne Duprau, Folio Junior, 2004 et 2005.
La révolte des coloriés et Le secret des coloriés, Alexandre Jardin, Folio Junior, 2004.
Billy Elliot, Melvin Burgess, Folio Junior, 2001.
Rêve de foot, Paul Bakolo Ngoi, Folio Junior, 2004.
Blues en noir, Hubert Ben Kemoun, Tribal Flammarion, 2001.
Gazelle, Hubert Ben Kemoun, Tribal Flammarion, 2007.
Victoria rêve, Timothée de Fombelle, Gallimard Jeunesse, 2012.
Le livre de Perle, Timothée de Fombelle, Gallimard Jeunesse, 2014.
Le miroir brisé, Jonathan Coe, Gallimard Jeunesse, 2014.